Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/450

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furent, Men tseë kien, Gen pe mieou, Chung kong, et Yen yuen. Une mort prématurée enleva ce dernier à l’âge de 31 ans. Comme il était le disciple chéri de son maître, il fut longtemps le sujet de ses larmes et de ses regrets.

Dans la seconde classe étaient ceux qui devaient s’appliquer à raisonner juste, et à travailler des discours persuasifs, et éloquents. On admira parmi eux Tsai ngo, et Tsou kong.

L’étude de ceux de la troisième classe, était d’apprendre les règles du bon gouvernement, d’en donner l’idée aux mandarins, et de leur enseigner à remplir dignement les charges publiques : Gen yeu et Ki lou excellèrent.

Enfin l’occupation des disciples de la dernière classe, était d’écrire d’un style concis et poli des principes de morale. Parmi ceux-ci, Tsou yeu et Tsou hia méritèrent de grands éloges. Ces dix disciples choisis étaient comme la fleur et l’élite de l’école de Confucius.

Toute la doctrine de ce philosophe tendait à redonner à la nature humaine ce premier lustre, et cette première beauté qu’elle avait reçue du Ciel, et qui avait été obscurcie par les ténèbres de l'ignorance, et par la contagion des vices. Il conseillait, pour pouvoir y parvenir, d’obéir au Seigneur du Ciel, de l’honorer et de le craindre, d’aimer son prochain comme soi-même, de vaincre ses penchants, de ne prendre jamais ses passions pour règle de sa conduite, de les soumettre à la raison, de l’écouter en toutes choses, de ne rien faire, de ne rien dire, de ne rien penser même qui lui fût contraire.

Comme ses actions ne démentirent jamais ses maximes, et que par sa gravité, sa modestie, sa douceur, la frugalité, le mépris qu’il faisait des biens de la terre, et l’attention continuelle qu’il avait sur ses actions, il exprimait en toute sa personne les préceptes qu’il enseignait par ses écrits et par ses discours, les rois tâchèrent à l’envi l’un de l’autre de l’attirer dans leurs États. Les fruits opérés dans une contrée, étaient pour une autre le motif de le désirer avec empressement.

Mais un zèle toujours heureux et sans contradiction aurait manqué de son plus bel éclat. On vit Confucius toujours égal à lui-même dans les plus grandes disgrâces, et dans des traverses qui étaient d’autant plus capables de le déconcerter, qu’elles lui étaient suscitées par la jalousie de personnes mal intentionnées, et dans un lieu ou il avait été généralement applaudi. Ce philosophe après la mort du prince de Tchou son admirateur, devint tout à coup par l’envie des courtisans, la fable d’une populace insensée, et l'objet de ses chansons et de ses satires. Au milieu de traitements si indignes il ne perdit rien de sa tranquillité ordinaire.

Mais ce qu’on admira le plus, ce fut la constance et la fermeté qu’il fit paraître, lorsque sa vie courut un danger évident, par la brutalité d’un grand officier de guerre, nommé Huan tai. Ce mandarin avait en horreur le philosophe, quoiqu’il n’eût reçu de lui aucune offense. C’est que les méchants ont une antipathie naturelle pour ceux dont la vie réglée est un reproche secret de leurs désordres. Confucius vit le sabre levé, prêt à lui porter un coup mortel, dont il fut heureusement préservé ; et dans un péril si prochain