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PARAGRAPHE II.
Règles pour apprendre à composer son extérieur.


Le livre des rits parle ainsi : ce qui distingue l’homme sage de tous les autres, c’est l’honnêteté et l’équité : ces deux vertus ont leur principe dans le parfait règlement des mouvements du corps, dans la douceur et la sérénité du visage, et dans la bienséance des paroles.

Quand quelqu’un vous parle, n’avancez pas l’oreille pour l’entendre : ne lui répondez pas en haussant la voix, comme si vous criiez après quelqu’un, ne le regardez point du coin de l’œil, ne soyez point distrait, en sorte qu’il s’aperçoive que vous pensez à autre chose : quand vous marchez, que ce ne soit point d’un pas altier, et avec une contenance grossière et orgueilleuse : quand vous êtes debout, ne levez pas un pied en l’air : quand vous êtes assis, ne croisez point les jambes ; quand vous travaillez, n’ayez jamais les bras nus : quand vous avez chaud, n’ouvrez point votre habit pour prendre le frais ; avec qui que ce soit que vous vous trouviez, ayez toujours la tête couverte ; quand vous êtes au lit, tenez-vous-y dans une posture décente ; quand vous vous entretenez avec quelqu’un, gardez-vous bien d’un certain air ou dédaigneux ou railleur : ne parlez point avec précipitation, et que les défauts des autres ne servent jamais de matière à vos discours ; n’avancez rien sur de légères conjectures et ne soutenez jamais votre sentiment avec opiniâtreté.

Les disciples de Confucius rapportent que quand leur maître était dans sa maison, il parlait fort peu ; de sorte qu’à le voir, on eût cru qu’il ne savait pas parler ; qu’au contraire quand il se trouvait à la cour, il faisait admirer son éloquence ; que personne ne savait mieux que lui se proportionner au génie et à la qualité des différentes personnes à qui il parlait ; qu’avec les mandarins inférieurs, il leur imprimait du respect par une certaine noblesse, qui se répandait dans ses discours ; qu’avec les mandarins supérieurs, il s’insinuait agréablement dans leur esprit, par une éloquence douce et aisée ; enfin, qu’il ne parlait jamais qu’à propos, et lorsqu’il était nécessaire ; que quand il prenait ses repas, ou qu’il allait se coucher, il gardait toujours un profond silence.


PARAGRAPHE III.
Règles pour le vêtement.


Le livre Y li parlant de la cérémonie qui se pratique, lorsqu’on donne le premier bonnet aux jeunes gens, s’exprime ainsi. Le maître des cérémonies en lui mettant le bonnet sur la tête, lui dira ces paroles : songez que vous prenez l’habit des adultes, et que vous sortez de l’enfance : n’en ayez donc plus les sentiments et les inclinations ; prenez des manières