qui se livre au vice, est semblable à un homme qui descend une pente fort roide.
Le docteur Fan tchung siuen faisait cette instruction à ses enfants et à ses frères : faut-il censurer le prochain ? Les plus stupides sont clairvoyants. S’agit-il de se censurer soi-même ? les plus clairvoyants deviennent stupides. Tournez contre vous-même cette subtilité à critiquer le prochain, et ayez à son égard l’indulgence que vous avez pour vous.
Le cœur de l’homme est semblable à une terre excellente. La semence qu’on y jette, ce sont les vertus, la douceur, la justice, la fidélité, la clémence, etc. Les livres des sages, et les exemples des hommes illustres sont les instruments propres à cultiver cette terre. Les embarras du siècle et les passions sont les méchantes herbes, les épines qui y croissent, les vers qui rongent, qui dévorent la semence. Le soin, la vigilance, l’attention sur soi-même, l’examen de sa conduite c’est la peine qu’on prend à arroser et à cultiver cette terre. Enfin quand on a le bonheur d’acquérir la perfection, c’est le temps de la moisson, c’est la récolte.
Voici comment s’explique le docteur Hou ven ting : Un homme qui aspire à la sagesse, doit faire peu de cas des délices du siècle, et ne pas se laisser éblouir par le vain éclat des honneurs et des richesses. Les princes enivrés de leur grandeur, ne se distinguent que par leur faste et leur orgueil : ils ont de grandes salles superbement ornées, des tables servies avec toute la délicatesse et la magnificence imaginable, un grand nombre de seigneurs et de domestiques qui les environnent, et leur font la cour. Certainement si j’étais à leur place, je me garderais bien de les imiter.
Celui qui veut être véritablement sage, doit détester le luxe, et sans avilir son esprit, en l’occupant de ces bagatelles, l’élever aux connaissances les plus sublimes : il doit se rappeler souvent l’exemple du célèbre Tchu ko Kung ming, qui fleurissait sous la fin de l’empire des Han. Il vivait tranquille dans la bourgade de Nan yang sans désirs et sans ambition, ne s’occupant qu’à cultiver ses terres, et à acquérir la sagesse. Lieou pi général des troupes impériales, fit tant par ses prières, qu’il l’engagea à prendre le parti de la guerre. Il s’acquit dans l’armée une si grande autorité, qu’après avoir partagé les champs et les provinces, il divisa tout l’empire en trois parties. Dans ce haut point de crédit, et d’autorité où il se trouvait, que de richesses ne pouvait-il pas accumuler. Cependant écoutez le discours qu’il tint à l’héritier de l’empire. J’ai, dit-il, dans ma terre natale 800 mûriers pour nourrir des vers à soie : j’ai 1.500 arpents de terre qu’on cultive avec soin, ainsi mes fils et mes petits-fils auront abondamment de quoi vivre. Cela leur suffit, et je me garderai bien d’accroître mes richesses ; je n’ai donc d’autre vue que de procurer le bien de l’empire : et pour prouver à Votre Majesté la vérité et la sincérité de mes paroles, je vous promets qu’à ma mort on ne trouvera ni riz dans mes greniers, ni argent dans mes coffres. Et en effet la chose arriva comme il l’avait promis.