Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/515

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des bouillons, et de manger de la viande salée : mais il leur est absolument défendu de se nourrir de viandes délicates, et d’assister à des festins. A plus forte raison, leur interdit-on toutes sortes de plaisirs, et de divertissements : c’est de quoi je ne parle point, car il y a des lois établies dans l’empire, pour réprimer ceux qui se rendraient coupables de cet excès.

Ces hommes superstitieux qui ajoutent foi aux mensonges de la secte de Fo, croient avoir satisfait à un devoir essentiel à l’égard de leurs parents défunts, lorsqu’ils ont chargé l’idole de présents, et offert des viandes à leurs ministres. A entendre ces imposteurs, ce sont ces offrandes, qui effacent les péchés des défunts, et qui leur facilitent l’entrée dans le Ciel. Écoutez l’instruction que le célèbre Yen donnait à ses enfants : Notre famille, leur disait-il, a toujours réfuté par de savants écrits les artifices de cette secte : prenez bien garde, mes enfants, de ne jamais donner dans ces vaines et monstrueuses inventions.

Quand vous avez dessein de marier votre fils ou votre fille, ne cherchez dans l’époux ou dans l’épouse que le beau naturel, la vertu, et la sage éducation qu’ils ont reçue de leurs parents : préférez ces avantages à tous les honneurs et à toutes les richesses. Un mari sage et vertueux, fût-il pauvre, et d’une condition abjecte, peut devenir un jour considérable par ses dignités, et par ses richesses : au contraire il est vraisemblable qu’un mari vicieux, quelque riche, et quelque noble qu’il soit, tombera bientôt dans le mépris et dans l’indigence.

La grandeur ou la ruine des familles vient souvent des femmes : si celle que vous épousez a de grandes richesses, elle ne manquera pas de vous mépriser, et son orgueil jettera le trouble dans votre maison. Je veux que cette riche alliance vous élève et vous enrichisse ; mais si vous avez un peu de cœur, ne rougirez-vous pas d’être redevable à votre femme de ces honneurs et de ces richesses ?

Le docteur Hou avait coutume de dire : lorsque vous mariez votre fille, choisissez-lui un mari dans une famille plus illustre que la vôtre : elle vivra toujours dans l’obéissance et le respect qu’elle lui doit, et la paix régnera dans la famille. De même lorsque vous mariez votre fils, choisissez-lui une femme dans une famille plus obscure que la vôtre : ; vous pouvez vous assurer par là que votre fils sera tranquille dans sa maison, et que sa femme ne s’écartera jamais du respect qu’elle lui doit.

Le docteur Ching avait raison de dire, qu’afin que l’amitié soit durable, il faut que les amis se respectent l’un l’autre, et qu’ils s’avertissent mutuellement de leurs défauts. Si vous ne choisissez pour amis que ceux qui vous flattent, et qui vous divertissent par leurs bons mots, par leurs plaisanteries, et par leur badinage, vous verrez bientôt la fin d’une amitié si frivole.


PARAGRAPHE III.
Maximes des auteurs modernes, sur le soin avec lequel on doit veiller sur soi-même.


Un ancien proverbe dit que celui qui veut se rendre vertueux, ressemble à un homme qui grimpe une montagne fort escarpée ; et que celui