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Par ces présentes, nous cassons notre musique, et tous les officiers qui en avaient soin. Quant à la musique ordinaire pour la cérémonie Tiao, nous ne prétendons point y toucher, non plus qu’aux instruments pour la guerre. Ce sont choses approuvées dans nos King[1], mais point d’officiers exprès pour cela. Qu’on examine, et qu’on m’expose à qui des autres officiers il convient d’en donner le soin.

L’empereur Cang hi, qui aime la musique, et qui s’en pique, dit sur cette déclaration : la musique a la vertu de calmer le cœur ; c’est par cet endroit que le sage l’aime. D’ailleurs, en se divertissant, il peut s’exercer à bien gouverner, par une application assez juste et assez facile du gouvernement à la musique. Quant à cette musique lascive, elle n’entre point en comparaison. A quoi bon pour cela tant de dépenses ? Ngai ti eut raison de la casser.

Une glose dit qu’il épargna par là les appointements et l’entretien de 440 personnes.



DISCOURS DE KIA CHAN, [2]


SUR LE BON OU LE MAUVAIS GOUVERNEMENT,


adressé à l’empereur Ven ti, autrement dit Hiao ouen.


Prince, j’ai ouï dire[3] qu’un bon ministre est celui qui ayant honneur de servir un prince, épuise pour son service ce qu’il peut avoir de lumières, et lui témoigne surtout son zèle par des remontrances sincères, où il ne déguise rien, dût-il lui en coûter la vie. C’est dans cet esprit, que je vais dans ce discours vous entretenir du gouvernement. Je n’irai point chercher fort loin de quoi faire sentir la différence du bon et du mauvais. L’histoire des Tsin, qui ont immédiatement précédé les Han[4], me fournira seule de quoi le faire. Daignez la parcourir avec moi, et y faire quelque attention.

On a souvent vu dans les premiers temps, de pauvres lettrés simplement vêtus, parvenir par leur sagesse et leur vertu aux plus grands emplois, immortaliser

  1. Livres anciens faisant règle.
  2. Tching te sieou dit que sous la dynastie Han le premier qui commença à donner par écrit des avis à l’empereur, fut Kia chan. Il profita pour cela de la bonne disposition de Hiao ouen. Ce prince le fit Heou.
  3. Le Chinois dit mot à mot : votre sujet a ouï dire. C’est une manière ordinaire de commencer ces sortes de pièces ; je l’ai un peu rapproché de notre usage par un petit changement, qui n’est que dans l’expression.
  4. Ven ti, à qui il parle, était le troisième empereur de la dynastie nommée Han. Je dis nommée, car le nom de la famille était Lieou.