applaudissant à votre sagesse, louera aussi votre désintéressement. Les États ainsi distribués, chaque branche pensera à se soutenir dans le rang des vang. Cet intérêt et leur faiblesse les retiendra naturellement dans le devoir. Cela vous épargnera la peine d’en venir à des punitions éclatantes. On ne verra plus de ces tragiques événements, et l’on n’admirera pas moins votre bonté et votre clémence, que votre désintéressement et votre sagesse. Les lois dès lors seront en vigueur : vos ordres s’exécuteront : aucun prince, eût-il Li ki ou Koan kao pour ministre, n’osera rien entreprendre. Les desseins qu’ont formé Tchai ki et Kai tchong[1], ne pourront éclore. Les princes et ce qu’il y a de Grands dans l’empire étant soumis, les peuples se porteront aisément au bien ; et tout l’empire charmé, comme j’ai dit, de votre sagesse, de votre désintéressement, de votre clémence, reconnaîtra devoir encore plus à votre équitable fermeté. En effet, les choses étant une fois ainsi réglées, un jeune prince, un enfant, fût-il posthume, viendrait à régner, qu’il ne s’ensuivrait pas le moindre trouble.
Enfin par là vous assurez la tranquillité et la gloire de votre règne : par là vous consacrez votre mémoire aux siècles futurs. Oui, un seul coup produit tous ces avantages. Je crois que vous le sentez, et moi je ne crains point de vous en répondre. Qu’y a-t-il donc qui vous retienne ? Peut-être que le mal vous paraît encore léger. Permettez-moi de vous demander, si l’on doit juger un corps bien sain, quand il a une jambe[2] si enflée, qu’elle égale le corps en grosseur, et un doigt[3] devenu gros comme le bras ? Vous conviendrez sans doute, que non, et vous m’avouerez qu’une telle enflure doit être regardée comme dangereuse. En effet c’est une chose certaine, que même un mal de doigt négligé fait assez souvent échouer les plus habiles médecins, devient incurable, et cause la mort. A plus forte raison doit-on craindre une pareille enflure, surtout lorsqu’elle est accompagnée d’une douleur vive aux pieds[4]. Voilà justement le mal que j’ai dit, capable de faire jeter les hauts cris.
Mais en voici un autre bien plus monstrueux. L’empereur, quel qu’il soit, est sans contredit la tête de l’empire, car il est au-dessus du reste de la nation. Au contraire les barbares de nos confins en sont les extrémités inférieures, et sous ce regard, comme les pieds. Or aujourd’hui les Hiong nou nous font mille insultes et pour en éviter de plus fréquentes, la maison régnante leur fournit chaque année de grosses sommes, soit en argent, soit en autres denrées. Les exiger, c’est faire les maîtres. Leur payer cette espèce de tribut, c’est faire le sujet : les pieds sont en haut, la tête en