Grand roi, j’ai souvent ouï parler de votre fermeté, de votre droiture, de votre bravoure, de votre continence, de votre bonne foi, et de vos autres bonnes qualités ; c’est-à-dire que Tien[2] vous traitant comme un de ses favoris, vous a comblé de ses dons, et vous a donné de quoi faire de votre personne un ching[3] ; c’est à quoi vous deviez bien faire attention. Il ne paraît pas cependant que vous y pensiez, puisque par votre conduite vous répondez si mal aux dons de Tien. Notre empereur aujourd’hui régnant n’a pas plus tôt été sur le trône que de heou que vous étiez, il vous a fait vang à Hoai han. Vous croyiez si peu mériter cet honneur que vous aviez de la peine à accepter. Il vous donna cependant l’investiture de ce royaume ; et ce fut assurément de sa part un bienfait insigne. Depuis ce temps-là il ne vous a point vu paraître à sa cour. Vous avez une seule fois fait la démarche de demander à y venir : mais bien loin de faire cette supplique dans la forme convenable, et avec le respect dû au souverain ; vous n’y avez pas même exactement observé ce qu’un cadet doit à son aîné.
De plus, vous avez osé de votre propre autorité, et comme pour la faire valoir, condamner à mort un homme, qui avait le titre de tchu heou. Notre empereur a bien voulu n’en point prendre connaissance. C’est une indulgence bien singulière. Les lois portent expressément que c’est à l’empereur seul de nommer aux grands emplois dans chaque royaume. Vous cependant rejetant un ministre, qui était entré en charge par cette voie, vous avez osé demander la permission d’en nommer vous-même un