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SECOND DISCOURS.


Dans ce second discours qui n’est qu’une suite du premier, il suggère à Vou ti de rétablir le grand collège[1], ou la grande école, afin de fournir l’empire de bons maîtres capables d’instruire et de former à la vertu. Il gémit sur le petit nombre qui s’en trouvait alors dans l’empire. Non seulement il suggère qu’on rétablisse le grand collège, pour en multiplier le nombre ; mais il veut qu’on remplisse les charges de gens de mérite, et non pas comme on faisait, des fils de grands officiers, qui n’étaient recommandables que par les richesses, ou tout au plus par les services de leurs pères. Il trouve à redire que le mérite des pères soit un titre pour parvenir aux grands emplois, et il veut qu’on n’y élève que par degrés.

Ce n’est point ainsi, dit-il, qu’on en usait dans l’antiquité. La différence des talents réglait la différence des emplois. Un talent médiocre demeurait toujours dans des emplois médiocres. Trouvait-on un homme d’un mérite rare ? On ne faisait point difficulté de l’élever tout d’un coup aux plus grands emplois. Par là, il avait le moyen de faire valoir son talent, et l’on en retirait de grands avantages. Au lieu qu’aujourd’hui un homme du premier mérite demeure longtemps confondu avec le vulgaire ; et un autre d’une capacité médiocre, parvient à la longue à des emplois qui sont beaucoup au-dessus de sa portée.


TROISIÈME DISCOURS.


Dans ce troisième discours Tong tchong chu, après s’être excusé d’avoir assez mal digéré les matières qu’il a traitées dans les discours précédents, revient au point capital qui regarde l’instruction et la conversion des peuples. C’est ainsi qu’il s’exprime.

Anciennement, dit-il, outre que tous les officiers de l’empire en faisaient leur premier devoir, il y avait des officiers établis exprès, et dont tout l’emploi était d’y veiller. On en faisait le fond du gouvernement ; et l’on n’avait rien de plus à cœur que d’inspirer à tout le monde, par la voie de l’instruction et de l’exemple, un sincère amour pour la vertu. Par là on en venait quelquefois à ne pas trouver un criminel dans tout l’empire.

  1. En chinois Tai hio : Tai, signifie grand, très grand, le plus grand en chaque genre. Hio, signifie étudier, étude, lieu où on étudie, science acquise, etc.