Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/596

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pesant. Là vous faites des tambours qui le disputent au tonnerre. Enfin, ce ne sont que comédies, concerts, ballets de filles de Tching. Franchement en user ainsi, porter à ce point le luxe, et vouloir en même temps inspirer à vos sujets la frugalité, la modestie, la tempérance, et l’attachement à l’agriculture ; c’est vouloir l’impossible.

Si donc c’est tout de bon, que V. M. me consulte ; si elle veut réellement suivre mon conseil, ou du moins savoir ma pensée ; mon avis serait que V. M. rassemblât tout cet attirail de vains ornements, qu’elle l’exposât dans un carrefour, et y fît mettre le feu, pour faire connaître à tout l’empire qu’elle en est désabusée. Si vous commencez par là, vous pourriez devenir un second Yao, ou un autre Chun. Il y a certains points si essentiels, dit notre Y king, que quand on les observe parfaitement, le reste s’ensuit.


Sur cette pièce Tching te sieou dit : So était un peu goguenard : il tournait les choses à sa manière ; du reste, il était droit, sincère, et homme de tête. Vou ti l’employa longtemps.


Sous le même empereur Vou ti, Kong fun hong, ministre d’État, proposa de défendre au peuple l’usage de l’arc. Vou ti ordonna une délibération sur cette requête. Ou Kieou présenta à l’empereur son sentiment par écrit, concluant pour la négative. Voici l’extrait de son discours.


Chi hoang de son temps fit cette défense. Le vrai motif qu’il eut de la faire, fut de prévenir des révoltes qu’il avait sujet de craindre. Il en prétexta un autre. Il arrivait des querelles, où l’on se tuait de part et d’autre. Il dit que c’était pour empêcher ces désordres, qu’il publiait sa défense. Elle fut observée avec rigueur ; mais elle ne fit pas cesser les querelles. Toute la différence fut que depuis on se battit de plus près, avec des marteaux, par exemple, et de semblables instruments de métier ou de labourage. Quant au vrai motif qu’avait Chi hoang de faire la défense, elle n’eut pas plus de succès. Malgré cette défense, il se vit battu par les troupes d’un homme de néant, armées plutôt de bâtons que d’armes ; et peu après il perdit l’empire. 2° Il y a, dit-on, maintenant bien des voleurs. C’est pour en diminuer le nombre, ou pour faire qu’ils nuisent moins ; bien loin que cette défense soit utile au dessein qu’on se propose, elle y est nuisible. Les méchants la violeront, comme ils violent tant d’autres lois. Il n’y aura que les bons qui la garderont. Ils seront par là hors d’état de donner d’utiles conseils aux méchants, qui en deviendront plus