Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/597

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hardis. 3° La défense qu’on projette, est contre la pratique de nos anciens : bien loin d’ôter l’arc et les flèches à leurs sujets, ils en recommandaient l’exercice : il y avait pour cela des temps réglés. Nous lisons dans le livre des rits : Quand dans une famille il naît un fils, on pend devant la porte un arc et des flèches.


Sous l’empereur Suen ti, on faisait de nouveaux établissements, et on ouvrait des terres sur les frontières du côté des Hiong nou. Ceux-ci disputant le terrain il y eut une action. Quelques Chinois furent faits prisonniers, et aussitôt élargis. On voulut profiter de cette occasion, pour engager Suen ti à faire la guerre. Hoei siang, un de ses ministres, s’y opposa, et fit le discours suivant pour le détourner de cette entreprise.


Quand il y a du trouble ou une révolte dans un État, et qu’on ne peut les faire cesser qu’en y employant la force des armes ; les prendre alors, c’est guerre de justice. Quand un royaume ennemi attaque injustement, fait un tort considérable, et ne veut point entendre raison ; prendre les armes pour se défendre, c’est guerre de nécessité. Quand il ne s’agit que de peu de chose, qu’il y a plus de jalousie et de fierté que d’intérêt, c’est guerre de colère et d’emportement. Quand on se propose d’envahir les terres d’autrui, ou de s’enrichir de ses dépouilles ; c’est guerre de cupidité et d’avarice. Enfin, quand c’est précisément pour acquérir de la gloire, pour montrer sa supériorité, pour humilier un rival, c’est guerre de vanité et d’ambition. Dans les deux premiers cas, on réussit presque toujours : dans les trois autres, jamais. Voilà ce qu’on dit communément ; et cette commune opinion des hommes est fondée sur la conduite ordinaire de Tien. Or il est visible qu’aujourd’hui les Hiong nou n’ont pas intention de nous attaquer : ils n’ont point fait d’irruption sur nos terres : ils ont disputé pour quelque terrain dans un nouvel établissement que nos gens font. La dispute s’est échauffée ; ils ont fait quelques prisonniers ; mais ils les ont aussitôt après élargis de bonne grâce ; cela ne vaut pas la peine qu’on y pense davantage.

Cependant j’apprends que vos grands officiers de guerre vous pressent de leur donner des troupes, pour entrer chez les Hiong nou. Si Votre Majesté y consentait, quel nom donner à cette guerre ? Elle ne serait, à mon sens, ni nécessaire, ni juste. D’ailleurs vos peuples, surtout de ces côtés-là, sont