Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/608

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qu’il n’y a eu jusqu’à présent aucune maison, à qui Tien ait assuré pour toujours l’empire.

Confucius examinant le Chi king, et venant à certain endroit de l’ode qui a pour titre Ven vang : que les jugements de Tien sont terribles, s’écria-t-il en soupirant ! Et qu’il est bien vrai que le premier soin de l’homme doit être de laisser pour héritage à ses descendants beaucoup de vertu ! qu’il est vrai que sans tout cela tous les autres biens leur sont inutiles, et leur échappent. Si Tien en avait ordonné autrement, comment retenir les princes dans le devoir ? Comment animer les peuples à la vertu ? C’est ainsi que parlait Confucius en gémissant sur le fort des Oui tze, et sur les Yng devenus sujets des Tcheou. Yao lui-même, ce prince si sage et si vertueux, ne put rendre son fils capable de l’empire, et choisit un autre pour successeur. Yu et Tang, malgré leurs soins, n’ayant pu perpétuer la vertu dans leur maison, l’empire passa à une autre famille. Aussitôt après que de changements de dynasties jusqu’à nos jours ! Kao ti fondateur de la vôtre se voyant maître de l’empire, eut la pensée d’aller établir sa cour à Lo yang. Lieou king lui représenta l’inutilité de la dépense. Kao ti désista aussitôt, et fixa sa cour à Koang tchong. Là il rappelait souvent en sa mémoire le sort des dynasties Tcheou et Tsin. Celle-là, se disait-il, a eu tant de grands princes, auxquels je ne puis me comparer. Elle a cependant à la fin dégénéré, et s’est perdue. Celle-ci n’a eu que deux princes tous deux sans vertu ; aussitôt elle a fini. Occupé de ces pensées, il évitait avec soin les fautes des Tsin, et il s’efforçait d’imiter, autant que les circonstances le permettaient, les premiers Tcheou. Enfin tout le temps qu’il régna, il fut d’une attention, d’une vigilance, et d’une circonspection extrême. C’est qu’il avait bien compris, ce sage prince, ce que j’ai cité de Confucius.

Hiao ouen étant à Pa lin[1], examinant la situation du lieu, et trouvant que du côté du nord la montagne avait peu de profondeur, parut fort inquiet et rêveur : puis s’adressant aux Grands qui l’accompagnaient, il leur déclara le sujet de son inquiétude. Je pense, leur dit-il, comment je pourrais mettre hors d’insulte le tombeau de Kao tsou[2] ; et je médite pour cela un massif des plus grandes et plus dures pierres, et du meilleur ciment qu’il se pourra faire. Quel est votre sentiment ?

Tchang tche chi prenant la parole : « S’il n’y a rien dans ce tombeau qui puisse exciter la cupidité, eût-il toute l’épaisseur et toute la solidité du Mont Nan, c’est comme s’il y avait plusieurs ouvertures. Si l’on n’y met rien qui irrite la cupidité, indépendamment du massif, il est en sûreté. » En effet qu’a tant à craindre un prince mort ? Il n’en est pas de même de sa maison et de son État. Leur prospérité et leur décadence dépendent de

  1. Nom d'un lieu où était la sépulture de Kao ti.
  2. C’est le même que Kao ti, ou Kao heang ti, fondateur de la dynastie Han et père de Ven ti, autrement dit Hiao ouen.