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emplois qui mettent entre eux quelque relation de dépendance : et ce que je dis d’un père, d’un frère aîné, d’un oncle mandarins supérieurs, doit s’entendre également d’un fils, d’un frère, d’un neveu mandarins supérieurs, à l’égard d’un père, d’un frère aîné, ou d’un oncle inférieur, en un mot de tous les proches parents.


Revue des mandarins par intervalles

3° De trois en trois ans on fait une revue générale de tous les mandarins de l’empire, et l’on examine les bonnes ou les mauvaises qualités qu’ils ont pour le gouvernement. Chaque mandarin supérieur examine la conduite que ses subalternes ont tenue, depuis les dernières informations qui ont été faites, ou depuis qu’ils sont en charge, et il leur donne à chacun des notes, qui contiennent des éloges ou des réprimandes. Par exemple, le premier mandarin d’une ville du troisième ordre a sous lui trois ou quatre petits mandarins : il leur donne ses notes, et les envoie au mandarin de la ville du second ordre duquel il dépend. Celui-ci qui a sous lui plusieurs mandarins, qui gouvernent les villes du troisième ordre, examine ces notes, et s’y conforme, ou en ajoute d’autres, selon les connaissances qu’il a.

Quand ce mandarin de la ville du second ordre a reçu les notes de tous les mandarins des villes du troisième ordre, il leur donne à eux-mêmes sa note, puis il envoie le catalogue de tous les mandarins de son département aux mandarins généraux de la province, qui demeurent à la capitale. Ce catalogue passe de leurs mains en celles du viceroi, qui après l’avoir examiné d’abord en particulier, et ensuite avec les quatre mandarins généraux, l’envoie en cour avec ses notes particulières afin que le premier tribunal ait une connaissance exacte de tous les mandarins de l’empire, et qu’il récompense ou punisse ceux qui méritent ou récompense, ou châtiment. On récompense un mandarin en l’élevant de quelques degrés, ou en le mettant dans une plus grande place ; on le châtie en l’abaissant de quelques degrés ou en le destituant de son emploi.

Pendant deux mois que dure cet examen, le viceroi ne voit personne, il n’admet aucune visite, et ne reçoit aucune lettre de ceux de son gouvernement. Il doit tenir cette conduite, afin de paraître intègre, et de montrer qu’il n’a égard qu’au seul mérite. Voici à peu près quelles sont ces notes, qu’on donne aux mandarins.

Au-dessous de leur nom, et du titre de leur mandarinat, on écrit : c’est un homme avide d’argent, il est trop sévère dans ses châtiments, il traite le peuple avec dureté : ou bien, il est d’un âge trop avancé, il n’est plus en état de faire ses fonctions. Celui-ci est fier, bizarre, capricieux, d’une humeur inégale ; celui-là est brusque, emporté, il ne sait pas se posséder : cet autre est faible dans la manière de gouverner, il ne sait pas se faire obéir ; ou bien il est lent, il n’expédie pas ses affaires, il est peu instruit des lois et des coutumes, etc.

Les notes favorables sont, par exemple, c’est un homme intègre, qui ne vexe pas le peuple, qui est attentif à tous ses devoirs ; ou bien, c’est un homme d’expérience, il est ferme sans dureté, et se fait aimer du peuple, il sait l’art de gouverner, etc.