Ces discoureurs qui attribuent la sécheresse à ce que mes parents sont sans dignités, parlent ainsi, ou pour me flatter, ou par quelque secret intérêt qui les anime. Ce qu’ils disent est sans fondement. Cinq frères[1] d’une impératrice furent faits Heou en un même jour. Cela ne produisit pas la moindre pluie. Chacun sait les troubles qu’ont causé sous d’autres règnes les parents des impératrices. C’est pour prévenir de semblables malheurs, que le feu empereur et moi nous avons jugé, qu’il ne convenait point que mes parents eussent part au gouvernement. J’en ai souvent averti mon fils qui règne aujourd’hui. Voici cependant qu’on le presse d’élever les Ma[2] sur le pied des Yu[3]. Cela est-il raisonnable ? J’ai l’honneur d’être Impératrice, c’est-à-dire, la mère[4] de l’empire. Les habits que je porte, sont de soie, mais simples et sans broderies. Ma table n’est ni magnifique ni délicate. Mes gens sont vêtus des étoffes les plus communes : je ne dépense ni en parures ni en parfums. Ma vue en cela est de servir d’exemple principalement à mes parents, et de les porter à faire de même. Au lieu d’imiter en cela ma conduite, je sais qu’ils en font un sujet de raillerie, et qu’ils regardent ma frugalité et ma modestie comme une épargne sordide. Je passais il y a quelque temps par la porte nommée Yo tong ; j’y rencontrai un de mes parents. M’étant arrêtée un moment pour demander de ses nouvelles, je vis à sa suite un long fleuve de chariots, une leste et nombreuse troupe de gens à cheval, dont chacun semblait un dragon volant. Les moindres de ses domestiques étaient tous richement vêtus. Comme ses gens et les miens étaient trop proches, je ne voulus pas me fâcher, ni lui faire publiquement une réprimande. Mais, pour lui aider à se reconnaître, j’ai eu soin, sans dire pourquoi,