Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/684

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

principe commun une compassion juste et tendre. Nous ordonnons et enjoignons aux magistrats des villes de tous les ordres, que si dans l’étendue de leur juridiction, quelques officiers de guerre soient morts pour notre service, ils cherchent avec soin leurs corps, et les fassent porter sans délai au lieu de leur département ; que là, au défaut de leurs familles, les magistrats pourvoient honorablement à leurs obsèques, et aux cérémonies tsi selon la coutume. Qu’on en use à proportion de la même sorte à l’égard de ceux, dont les cadavres ou les ossements seraient encore sur quelque champ de bataille ; que les magistrats du voisinage les recueillent avec soin, et les inhument avec décence.

La nécessité d’entretenir nos troupes en campagne, a fatigué nos peuples pour les convois. La friponnerie de quelques commis, leur a encore beaucoup aggravé le joug. Maintenant que les besoins sont moins pressants, non seulement je veux diminuer ces fatigantes corvées ; mais pour les remettre un peu de ce qu’ils ont souffert, j’ordonne en attendant mieux, que les droits établis sur les marchés, sur les bâtiments, sur le bois, sur le bambou, sur le thé, sur le vernis, sur le fer, soient dès à présent abolis. Et parce que le territoire des dépendances de notre cour a plus souffert que tout le reste ; que c’est où les rebelles ont couru, ravagé, brûlé ; je lui remets la moitié des droits de l’été. Dans cet endroit de ces limites, où, quand je sortis contre les rebelles, je m’arrêtai avec mon armée, les gens du lieu pourvurent à tout avec ordre ; ce fut un grand soulagement pour mes troupes : qu’on érige là une bannière qui rappelle à tout le monde et ma faute, et leurs bons services. Que Fong tien ci-devant bourg, soit ville du troisième ordre, et porte le nom de Tchi : les peuples qui en dépendent, seront exempts pour cinq ans de toute imposition.

Le premier principe d’un sage gouvernement, c’est d’honorer la vertu. Rechercher avec ardeur les gens de vertu et de mérite, c’est le principal devoir du prince : ce sont des maximes reçues de tout temps : je me les rappelle sans cesse, j’y pense jour et nuit ; et je vois avec douleur qu’au lieu d’une vertu pure, l’artifice et la contention règnent encore principalement à ma cour. Serait-ce donc que dans ce siècle il n’y aurait point de vrais sages ? Non, sans doute, il n’en manque pas ; mais ils vivent dans la retraite, ils n’ont point d’égard à mes paroles. Ils observent ma conduite, et c’est elle apparemment qui les empêche de se produire. Je recommande donc aujourd’hui instamment à tous les magistrats de mon empire, d’observer chacun dans son district, s’il n’y a point quelqu’un de ces sages qui cachent dans la retraite une vertu sublime, et des talents rares ; qui, contents de la vertu seule, la cultivent en particulier, sans fard et sans ambition. Autant qu’on y découvrira de ces sages, qu’on m’en avertisse sans y manquer : j’aurai soin de les inviter selon les rits, et je n’omettrai rien pour les attirer à mon service.

De plus si l’on découvre en quelqu’un, de quelque condition qu’il soit, une droiture et une franchise à l’épreuve, qui le rende propre à me représenter avec liberté tout ce qui sera du bien commun, ou bien une intelligence