Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/685

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profonde de nos anciens monuments, qui le rende capable de travailler avec succès à former les mœurs des peuples ; ou un génie singulier pour la guerre, qui en puisse faire aisément un grand général, je veux qu’on me les présente.

Enjoignons pareillement à nos magistrats de tenir un rôle exact des orphelins, des vieillards, des veufs et des veuves, et d’autres gens sans appui, qui sont hors d’état de gagner leur vie, et de les secourir tous, conformément à leurs besoins. Nous enjoignons encore que les deux premiers officiers de chaque ville, se présentent en personne à la porte de chaque vieillard au-dessus de quatre-vingt-dix ans, pour s’informer de sa santé et de ses besoins. Si quelqu’un, soit homme ou femme, excelle en la vertu propre de son état, particulièrement les femmes en pudeur, et les enfants en piété filiale ; notre intention est qu’à leur porte on érige une bannière, et que toute leur vie ils soient exempts des corvées les moins dispensables.

Le propre de la guerre est d’épuiser un État, il convient donc maintenant plus que jamais de vivre frugalement, et d’user d’épargne ; j’en veux donner l’exemple, en me retranchant pour le soulagement de mes sujets. De tous les tributs et droits ordinaires, je ne lèverai précisément que ce qu’il faut pour l’entretien de mes troupes, et pour les cérémonies réglées à l’égard de mes ancêtres. J’exempte absolument mes sujets du reste, triste et honteux d’être hors d’état, vu l’épuisement de mes trésors, de satisfaire mon inclination, en des récompenses plus amples, et en de plus grandes largesses. Au reste, si dans nos présentes lettres, il est échappé quelque chose à notre attention, qui rende incomplet le bienfait de l’amnistie ; j’ordonne aux grands officiers de notre cour et de nos provinces, de nous dresser un mémoire exact de ce qui leur paraîtra convenable d’y ajouter. En attendant, nous déclarons que quiconque, après la publication de ces présentes, osera, soit en justice, soit autrement, reprocher à quelqu’un ce que nous lui pardonnons, se rendra lui-même coupable, et subira la peine que ces fautes méritaient. Si dans les montagnes ou ailleurs, on a recueilli et caché des armes, ordonnons qu’on les produise dans le terme de cent jours, sous peine d’être traité comme criminel de rébellion. Enfin, comme suivant les anciens règlements, les déclarations qui portent amnistie, doivent faire cinquante lieues[1] par jour, nous voulons que pour celle-ci ces règlements soient gardés, afin que jusqu’aux extrémités de notre empire, on en soit promptement instruit.


Une glose dit, que cette déclaration causa une joie générale dans tout l’empire et que particulièrement dans le Chan tong elle attendrit tellement les officiers de guerre et les soldats, qu’ils répandirent beaucoup de larmes.

  1. Le chinois dit 500 li. Or dix li font une lieue médiocre.