Prince, depuis que vous régnez, on vous avait vu jusqu’ici ouvrir aux avis un chemin très large. S’il arrivait quelquefois qu’il y eût dans les remontrances quelque endroit répréhensible, et qui méritât châtiment, pour ne pas ralentir le zèle de vos officiers, vous le pardonniez avec bonté. Je vois néanmoins que depuis peu dans un seul jour vous avez fait le procès aux cinq censeurs, qui attaquaient Tchin kieou, vous les avez tous cassés de leur emploi, et relégués loin de votre cour. Vous ne sauriez vous imaginer, quelle surprise a causé à la cour et dans les provinces un pareil ordre de votre part, et combien de soupçons il a fait naître dans les esprits. Pour moi, je n’ai point vu les remontrances des censeurs. Je n’en sais point exactement le fort et le faible. Mais je sais que Tang kiai, Fan se tao, etc. sont depuis longtemps dans l’emploi, que jusqu’ici ils s’en sont acquittés avec honneur, et qu’ils ont à votre cour la réputation de gens sans reproche. Le moyen de se persuader que se démentant tout à coup de leur ancienne probité, ils aient voulu vous surprendre et vous imposer ? Non, il n’est pas naturel de s’imaginer un changement si extraordinaire et si subit.
Certainement, il faut l’avouer, l’emploi de censeur a toujours ses difficultés,