Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/735

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mots entendre des animaux ou autre chose. Je sais que dans le Chi king on lit ces mots : hélas ! hélas ! tsou yu. Kia y dit sur ce texte du Chi king que Tsou était le parc du roi Ven vang ; et Yu la qualité de celui qui en avait soin. C’est ainsi que du temps de Koai[1], on interprétait ces deux mots. Mais depuis, les interprètes en ont fait deux noms d’animaux, qu’on a dit être de bon augure. Et comme il n’est point parlé ailleurs de tsou yu, il n’est pas facile de convaincre ceux qui veulent s’en tenir à cette opinion. Pour les tortues, les dragons, les licornes, et les aigles[2], dont le vulgaire fait de bons augures pour les rois ; il est certain qu’il en a paru dans les tristes et malheureux temps des cinq dynasties ; et que jamais on n’en vit plus que quand le roi de Chou, voulant s’élever, périt presque aussitôt. Les plus zélés partisans de ces prétendus bons augures sont assurément embarrassés dans cet endroit de l’histoire. Je profite de leur embarras, pour attaquer leur vaine créance, et tâcher de les détromper.


Le même Ngeou yang heou, dit ce qui suit, sur le temps des cinq dynasties.


Dans l’histoire des cinq dynasties, je ne laisse pas de trouver de beaux exemples. Il y a eu trois hommes d’une droiture et d’un désintéressement à l’épreuve. J’en compte dix qui ont généreusement donné leur vie pour leur prince. Ce que je trouve extraordinaire, et ce qui m’indigne, c’est que, quoiqu’il y eût alors, comme dans d’autres temps, des gens de lettres dans les charges, gens qui se donnaient pour imitateurs des anciens sages, je n’en trouve pas un seul qui ait rien fait qui fût digne de mémoire. Les treize hommes illustres, dont j’ai parlé, étaient tous des gens de guerre. Est-ce donc qu’alors parmi les lettrés l’on manquait de gens de mérite et de vertu ? Non, sans doute. Il faut plutôt penser que d’une part les princes peu attentifs et peu éclairés ne faisaient pas ce qu’il fallait pour les attirer à leur service ; et que de l’autre, ces lettrés d’un vrai mérite se cachaient dans la solitude et dans la retraite, par l’horreur qu’ils avaient des troubles, et parce qu’ils regardaient des temps tels que ceux-là, comme peu dignes de leurs soins. Il n’y a point de villages de dix familles, disait Confucius, où le prince ne puisse trouver quelque sujet fidèle et zélé. Ce qu’avait dit Confucius, se trouvait-il faux du temps des cinq dynasties ? Non, je ne le crois point. En effet, dans les historiettes de ce temps-là, on trouve des traits assez singuliers. En voici un d’une femme, d’où il est aisé de conclure, que si les lettrés vertueux ne paraissaient pas, il n’en manquait pas dans l’empire. Un magistrat nommé Ouang yug qui

  1. Au commencement de la dynastie Han.
  2. Long, fong, hoang, kouei.