Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/799

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un nouvel éclat. Bientôt suit dans les familles un bel ordre, dans chaque État un beau gouvernement, et dans tout l’empire une paix profonde. Tout est possible à un cœur où la raison règne seule dans sa pureté. Tel fut toujours le cœur de nos deux Ti et de nos trois Vang. Tel devint après d’assez grands efforts le cœur de Tai kia et de Tching vang. Le cœur de Kié et de Tcheou fut bien différent, parce qu’ils le négligèrent et l’abandonnèrent. De là est venue la différence qui se voit dans le Chu king entre ces différents règnes : si donc un prince aspire aujourd’hui à renouveler le beau gouvernement de nos deux Ti et de nos trois Vang, il faut qu’il suive leur méthode, qu’il prenne comme eux pour guide la raison la plus épurée ; et que la trouvant comme eux dans son propre cœur il l’y fasse régner seule. C’est à quoi peut l’aider beaucoup le livre que je commente.

Après avoir médité moi-même longtemps et profondément sur le texte, j’ai lu avec attention et avec critique tout ce qui s’est dit à ce sujet ; et ce n’est qu’après l’avoir digéré à loisir, que je prends parti sur chaque endroit. Communément je le prends de telle sorte que je cherche à rapprocher et à réunir la plupart des interprétations ; et dans les endroits où le sens est le plus caché, et les expressions les plus obscures, je m’en tiens presque toujours à ce qu’on a pensé jusqu’ici, quoique je l’exprime en d’autres termes. J’avoue seulement que n’ayant entrepris ce commentaire que pour obéir à mon maître, qui en avait formé le dessein lui-même ; quand je trouve qu’il a parlé sur quelque endroit, je m’attache à ce qu’il a dit. Il a revu mon commentaire sur les deux Tien[1], et sur le Yu mo[2]. Je garde encore les corrections qu’il y a faites de sa main, Hélas ! que n’a-t-il pu revoir ainsi tout l’ouvrage ! J’ai partagé tout le Chu king et mon commentaire en six tomes. Le texte de ce livre, selon la différence des dynasties, est d’un style bien différent : mais dans toutes les dynasties le gouvernement des bons princes est toujours le même. On voit leur cœur dans ce livre, comme on voit dans un tableau le génie et l’habileté d’un peintre. Mais, pour juger bien sainement dans un et dans l’autre genre, il faut être attentif et connaisseur. Je ne me flatte pas d’avoir fait sentir toutes les beautés de ces portraits que le Chu king nous donne en petit ; ce que j’espère, c’est que mon exposition, qui en découvre au moins les principaux traits, ne sera pas inutile.

  1. C’est ce qu’il y a dans le Chu king des règnes de Yao et de Chun qui sont les deux Ti.
  2. C’est le titre d’un chapitre du Chu king.