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eau-de-vie ; mais lorsque l’on craint la stérilité dans un endroit, les mandarins qui ont de l’expérience, ne manquent pas d’empêcher pendant un temps, qu’on ne fasse de ces sortes de boissons. L’agriculture y est fort estimée, et les laboureurs, dont la profession est regardée comme la plus nécessaire à un État, y tiennent un rang considérable ; on leur accorde de grands privilèges, et on les préfère aux marchands et aux artisans.


Culture du riz

La plus grande attention des laboureurs, est pour la culture du riz : ils fument extrêmement les terres, et il n’y a point d’ordures qu’ils ne ramassent pour cela, avec un soin extraordinaire, même les excréments des hommes, des chiens, des cochons, et des autres animaux, qu’ils changent avec du bois, des herbes, ou avec de l’huile de lin.

C’est à dessein de faire ce trafic, que lorsqu’ils ne sont point occupés dans les campagnes, ils vont sur les montagnes pour y couper du bois, ou bien ils cultivent les jardins potagers : car les Chinois sont bien éloignés de préférer l’agréable à l’utile, et d’occuper la terre de choses superflues, ou infructueuses, comme à former des parterres, à cultiver des fleurs, à dresser des allées ; ils croient qu’il est du bien public, et ce qui les touche encore plus, de leur intérêt particulier, que tout soit semé, et produise des choses utiles.

Cette espèce de fumier, qui ailleurs serait capable de brûler les plantes, est excellent pour les terres de la Chine : aussi ont-ils l’art de le tempérer avec de l’eau ordinaire, avant que de s’en servir ; ils portent des seaux qui sont ordinairement couverts ; dans lesquels ils ramassent ce fumier, et le chargent sur leurs épaules ; c’est ce qui contribue beaucoup à la netteté des villes, dont on enlève tous les jours les ordures.

Pour mieux faire croître le riz, ils ont soin dans certains endroits, comme dans la province de Tche kiang, quand ils le sèment, d’enterrer des pelotons de poil de cochon, ou même de cheveux, qui selon eux, donnent de la force à la terre et de la vigueur au riz : ceux dont le métier est de raser la tête, les ramassent soigneusement, jusqu’à ce que les habitants de ces lieux-là viennent les acheter ; on les vend environ un sol la livre, on les met dans des sacs, et on en voit quelquefois des barques toutes remplies.

Quand la plante commence à grener, si leurs champs sont arrosés d’eau de fontaine, ils y mêlent de la chaux vive : ils prétendent que cette chaux tue les vers et les insectes ; qu’elle détruit les mauvaises herbes, et donne à la terre une chaleur, qui sert beaucoup à la rendre féconde.

Ce pays a, comme tous les autres, ses plaines et ses montagnes : toutes les plaines sont cultivées ; on n’aperçoit ni haies, ni fossés, ni presque aucun arbre, tant ils craignent de perdre un pouce de terre : en plusieurs provinces elles portent deux fois l’an ; et même entre les deux récoltes, on y sème de petits grains et des légumes.


Propriété des provinces du nord et de l'occident.

Les provinces qui sont au nord et à l’occident, comme celles de Pe tche li, de Chan si, de Chen si, de Se tchuen, portent du froment, de l’orge, diverses sortes de millet, du tabac, des pois toujours verts, des pois noirs et jaunes, dont on se sert au lieu d’avoine, pour engraisser les chevaux : elles portent aussi du riz, mais en moindre quantité, et en plusieurs endroits