Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/124

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commençait déjà à y réussir, lorsqu’une révolution qui renversa l’empire, ruina pareillement ses espérances. Ce fut en 1636 que deux chefs de voleurs eurent le crédit de former une puissante armée de tous les mécontents de l’empire ; ils signalèrent leur marche par le saccagement des villes, et le pillage des provinces entières ; et cet État qu’on venait de voir si florissant, devint en peu de temps le théâtre de la plus sanglante guerre.

L’infortuné Hoai tsong fut assiégé dans sa capitale, et réduit à se donner la mort, pour ne pas tomber entre les mains du vainqueur. Ou san guey, qui commandait un corps de troupes sur la frontière du côté de la Tartarie, appela les Tartares au secours de son prince : ils taillèrent en pièces l’armée du voleur, et reprirent Peking. Mais l’usurpation du trône fut le prix de leurs services : comme il n’y avait personne qui pût s’opposer à leur invasion, ils s’en mirent en possession sans beaucoup de résistance.

Tsong te, chef des Tartares, mourut au commencement de cette conquête. Son fils Chun tchi lui succéda à l’âge de six ans, et entra triomphant dans Peking, aux acclamations de tout le peuple, qui le regardait comme le libérateur de la patrie.

Ce jeune prince avait un courage au-dessus de son âge. Sous la tutelle, et par la sage conduite d’Amavan son oncle, il se vit à l’âge de quatorze ans paisible possesseur du trône. Les provinces septentrionales étaient déjà soumises : le trouble était encore dans les provinces méridionales, où quelques princes du sang s’étaient déclarés empereurs : l’armée tartare n’eut pas beaucoup de peine à les soumettre : ils furent vaincus ou mis à mort.

Elle avança ensuite vers les provinces de Quang tong et de Quang si, où elle s’empara d’abord de quelques villes ; mais Thomas Kiu, vice-roi de Quang si, et Luc Tchin, généralissime des troupes chinoises, tous deux chrétiens, arrêtèrent le cours de tant de victoires : après un combat opiniâtre de part et d’autre, les Tartares furent défaits et mis en fuite. Les Chinois victorieux proclamèrent aussitôt empereur Yung lié, qui était de la famille impériale, et ce prince fixa sa cour à Chao king dans la province de Quang tong.

Il y avait dans cette cour cinquante dames chrétiennes, auxquelles un eunuque chrétien avait autrefois annoncé Jésus-Christ, et qu’il avait disposées au baptême qu’elles reçurent. Un autre eunuque nommé Pan Achillée, parvint à la dignité de colao, sous le nouvel empereur chinois Yung lié : il était aussi chrétien, et ce fut par son moyen que la mère de cet empereur, sa première femme, et son fils aîné reçurent le baptême des mains du P. André Koffler, jésuite Allemand.

Ces illustres néophytes envoyèrent à Rome le père Michel Boym, Polonais, pour rendre, en leur nom, au pape Alexandre VII l’obéissance filiale, et le pape leur répondit par un bref apostolique. Ces pièces sont trop édifiantes pour les omettre : les voici.