Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

missionnaires jésuites de la ville impériale, et les jésuites ont souvent consenti que les missionnaires des autres ordres y fussent enterrés. L’empereur, après la mort du Père Ricci, ne cessa pas de favoriser les missionnaires ; et le calme dura jusqu’en l’année 1615 qu’un des principaux mandarins de Nan king, par zèle pour sa secte, excita la plus cruelle tempête qu’on eût encore vue. Les ministres de l’Évangile furent les uns battus cruellement, les autres exilés, et d’autres emprisonnés. Les Pères qui étaient à la cour, furent obligés de se retirer à Macao, et d’abandonner la garde de leur sépulture à un de leurs disciples.

Cet orage ne finit que par la mort du persécuteur, et par un évènement, qui contribua beaucoup au rétablissement des missionnaires. Les Tartares avaient gagné une grande bataille sur les Chinois, et leur armée n’était qu’à sept lieues de Peking. L’empereur Van lié mourut en même temps, et laissa à Tien ki son successeur le soin de repousser l’ennemi. Deux mandarins illustres, dont l’un était ce Paul Siu, duquel j’ai déjà parlé, insinuèrent à l’empereur, qu’un bon moyen de réussir dans cette guerre, était d’appeler les Portugais, beaucoup plus habiles à servir l’artillerie que les Chinois.

La proposition étant agréée, les mêmes mandarins représentèrent que, pour affectionner davantage les Portugais à son service, il était à propos de rappeler leurs docteurs, et de les rétablir dans leurs maisons. L’empereur y consentit, et les missionnaires retournés dans leurs églises, y vécurent tranquilles sous la protection d’un prince, qui tout attaché qu’il était à la secte des bonzes, ne cessa pas de favoriser les prédicateurs de la loi chrétienne. Les Tartares furent chassés de l’empire ; et le calme qui y régna, contribua beaucoup au progrès que fit la religion, tant à Peking, que dans les provinces.

La mort de l’empereur qui arriva en l’année 1628 mit son frère Hoai tsong, connu aussi sous le nom de Tsong tching sur le trône. Ce fut alors que le père Adam Schaal, qui était né à Cologne, fut envoyé à la cour. L’habileté de ce Père dans les mathématiques le fit bientôt connaître : en peu de temps sa réputation égala celle du P. Ricci : il mérita les bonnes grâces de l’empereur, et il fut regardé comme un des premiers hommes de l’empire.

Ce fut aussi environ ce temps-là, c’est-à-dire, en l’année 1631 que les RR. PP. de saint Dominique, et ensuite ceux de saint François, entrèrent dans la Chine, pour partager les travaux apostoliques des missionnaires, et recueillir une moisson qui s’offrait de toutes parts, et qui devenait très abondante : ils y ont toujours travaillé avec un grand zèle et beaucoup d’édification.

L’année suivante mourut Paul Siu, ce mandarin encore plus illustre par sa vertu, que par ses dignités, qui avait employé tant de fois son autorité, et exposé même sa vie pour le soutien de la religion. Ses obsèques se firent avec toute la pompe des cérémonies édifiantes que l’Église prescrit.

Cependant le père Adam Schaal profitait de son crédit auprès de l’empereur, pour étendre la foi, et augmenter le nombre des chrétientés. Il