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La première de ces sectes est la seule qui fasse profession d’une étude réglée, pour s’avancer aux degrés et aux dignités de l’empire par la voie du mérite, de l’esprit, et des connaissances propres à la conduite des mœurs, et au gouvernement de l’État.

La seconde a dégénéré en une espèce de magie et d’enchantement. Les disciples de cette secte promettent le secret de faire l’or, et de se rendre immortel.

La troisième, n’est qu’un amas de fables et de superstitions venues des Indes à la Chine, et entretenues par les bonzes, qui trompent les peuples sous les apparences d’une fausse piété. Ils ont introduit la créance de la métempsycose, ou transmigration des âmes d’un corps à un autre, et ils la promettent plus ou moins avantageuse, à proportion qu’on sera plus ou moins libéral à leur égard.

Pour donner quelque connaissance de ces différentes sectes, je suivrai l’ordre des temps auxquels elles ont pris naissance ; et je marquerai successivement leur état dans l’esprit des peuples.

Du reste je ne rapporterai rien, qui ne soit tiré de l'histoire chinoise, ou que je n’aye puisé dans les Mémoires de personnes également éclairées et sincères, qui ont passé la plus grande partie de leur vie dans l’empire de la Chine, et qui se sont rendus habiles dans la langue et dans les sciences de cette nation.

Je n’en parlerai même qu’en historien, qui expose amplement les faits ; et je me donnerai bien de garde d’entrer dans ces discussions, qui ont donné matière à tant de volumes, et qui ont causé des divisions, dont les suites n’ont été que trop funestes à la propagation de la foi dans ce vaste empire.





Du culte des anciens Chinois.


C’est une opinion commune, et universellement reçue parmi ceux qui ont tâché d’approfondir l’origine d’un empire aussi ancien que celui de la Chine, que les fils de Noé se répandirent dans l’Asie orientale ; que quelques-uns des descendants de ce patriarche pénétrèrent dans la Chine environ deux cents ans après le déluge, et y fondèrent cette grande monarchie ; qu’instruits par une tradition si peu éloignée, de la grandeur et de la puissance du premier Être, ils apprirent à leurs enfants, et par eux à leur nombreuse postérité, à craindre, à honorer ce souverain maître de l’univers, et à vivre selon les principes de la loi naturelle, qu’il avait gravée dans leurs cœurs.

C’est de quoi l’on trouve des vestiges dans ces livres si anciens et si respectés, que les Chinois appellent par excellence les cinq volumes, les livres canoniques ou classiques de la première classe, qu’ils regardent comme la source de toute leur science et de leur morale.

Cependant ces livres ne font point des traités de religion faits exprès,