que la princesse étant en prison dans son palais, a mis au monde un fils, qu’elle a nommé l’Orphelin de la maison de Tchao ; ne voilà-t-il pas ce petit héritier dont je parlais ? Tout ce que je crains, c’est que Tou ngan cou ne vienne à le savoir, et à le faire prendre : car s’il tombe une fois entre ses mains, il le fera mourir cruellement, et la maison de Tchao sera réellement sans héritier.
Y a-t-il quelqu’un qui ait sauvé ce pauvre petit orphelin ? Où est-il ?
Seigneur, vous faites paraître tant de compassion pour toute cette famille, que je ne puis vous rien cacher. La princesse avant sa mort me confia son fils, et me recommanda d’en avoir soin, jusqu’à ce qu’étant devenu grand, il puisse se venger de l’ennemi de sa maison. Comme je sortais du palais avec ce précieux dépôt, je trouvai à la porte Han koué. Il me laissa sortir, et se tua en ma présence ; je m’enfuis avec le petit orphelin, et je n’ai point trouvé de plus sûre retraite que de l’apporter chez vous. Je sais, seigneur, que vous étiez intime ami de Tchao tun ; je ne doute point que vous n’ayez pitié de son pauvre petit-fils, et que vous ne lui sauviez la vie.
Où avez-vous laissé ce cher enfant ?
Là-dehors sous des bananiers.
Ne l’épouvantez point, allez le prendre, et me l’apportez.
Béni soit le Ciel et la Terre, le petit prince était encore endormi.
Tching yng dit, que tout l’appui de la famille de Tchao est dans cet enfant ; (il chante.) Et moi je dis qu’il est cause de tous les malheurs de sa maison.
Seigneur, vous ne savez pas que Tou ngan cou, voyant que l’Orphelin lui était échappé, veut faire mourir tous les enfants à peu près de son âge. Je songe à cacher chez vous l’enfant : par ce moyen je m’acquitte de toutes les obligations que j’ai à son père et à sa mère, et je sauve la vie à tous les petits innocents du royaume. Je suis dans ma quarante-cinquième