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De la secte de quelques lettrés de ces derniers temps.


Les docteurs modernes, auteurs d’une nouvelle doctrine, par laquelle ils prétendent éclaircir ce qu’il y avait d’obscur dans les anciens livres, parurent sous le règne de la dix-neuvième famille des Song, plus de mille ans après que l’idolâtrie eût pénétré dans la Chine. Les troubles que les différentes sectes et les guerres causèrent dans l’empire, en bannirent tout à fait l’amour des sciences, et y introduisirent l’ignorance et la corruption des mœurs, qui y régnèrent pendant plusieurs siècles.

Il se trouva alors peu de docteurs capables de réveiller les esprits d’un assoupissement si général. Mais le goût que la famille impériale des Song prit pour les livres anciens, et l’estime qu’elle fit des gens habiles, inspirèrent peu à peu de l’émulation pour les lettres. On vit s’élever parmi les premiers mandarins, des hommes de mérite et d’esprit, qui entreprirent de commenter, non seulement les anciens livres canoniques, mais encore les interprétations de ces livres faites par Confucius, par Mencius son disciple, et par d’autres célèbres écrivains.

Ce fut en l’année 1070 depuis la naissance de Jésus Christ, qu’on vit paraître ces interprètes, qui se firent une grande réputation. Les plus célèbres furent Tchu tse, et Tching tse, qui publièrent leurs ouvrages sous le règne du sixième prince de la famille des Song. Tchu hi se distingua tellement des autres par sa capacité, qu’on l’honora du nom de prince des lettrés. Quoique ces auteurs fussent en réputation il y a cinq ou six cents ans, on ne fait pas difficulté de les regarder comme des auteurs modernes, surtout quand on les compare aux anciens interprètes, qui les précédèrent de quinze siècles.

Enfin vers l’an 1400 de Jésus-Christ, l’empereur Yong lo, troisième prince de la vingt-unième famille de Tai ming, choisit quarante deux docteurs des plus habiles, auxquels il ordonna de faire un corps de doctrine, qui pût être suivi des savants, et de s’attacher surtout aux commentaires de Tchu tse, et de Tching tse, qui fleurissaient sous la race des Song.

Ces mandarins s’appliquèrent à cet ouvrage ; et outre l’interprétation qu’ils firent des livres canoniques, et des ouvrages de Confucius et de Mencius, ils en composèrent un autre, qui contenait vingt volumes, et qu’ils intitulèrent Sing li ta tsuen, c’est-à-dire, de la nature, ou de la philosophie naturelle. Ils suivirent, comme on le leur avait prescrit, la doctrine de ces deux écrivains, qui n’avaient que trois siècles d’antiquité : et pour ne pas paraître abandonner le sens et la doctrine des anciens livres respectés dans tout l’empire, ils tâchèrent par de fausses interprétations,