Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/76

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2° Les parties yn, moins pures, et par conséquent plus pesantes, se précipitent, et par là vont s’unir au milieu.

3° Tout ce qui environne ce qui est visible, ce sont des parties de l’univers si déliées, qu’elles n’ont aucune figure sensible. C’est hiu ki.

Mais comment entendez-vous, dit quelqu’un de l’assemblée, que l’yang, c’est-à-dire, les parties les plus subtiles, et l’yn, ou les parties les plus grossières se soient séparées de ce que vous appeliez tai ki ; et que cette séparation étant faite, il s’est formé un soleil, une lune, puis toutes les étoiles ?

Je vais vous l’expliquer, répondit le philosophe ; le plus fin de l’yang, ou de l’assemblage des parties les plus subtiles, forma le soleil : le moins grossier de l’yn, ou des parties grossières, fit à son tour la lune : les étoiles se formèrent de même, prirent leur place, et firent leurs évolutions dans le ciel, et toutes ces choses furent visibles, parce que dès lors elles eurent une figure déterminée.

L’yn de son côté s’étant réuni, et les parties grossières s’étant accrochées les unes aux autres, il s’en forma la Terre, qui se plaça au milieu de ces espaces immenses. Peu après la Terre eût dans son sein, et sur sa superficie tous les éléments bien arrêtés, le feu, le bois, etc. en un mot tous les autres êtres d’ici-bas, qui ayant chacun leur configuration particulière, furent aisés à distinguer. Faites attention à cette comparaison, qui éclaircira ce que je viens de dire : l’air que nous attirons sans cesse, ou que nous poussons au dehors, quand il sort, se raréfie et se dilate : aussi a-t-il quelque degré de chaleur, et il faut le rapporter à l’yang : ce même air, quand il est attiré, et qu’il entre dans nos poumons, se resserre et se condense ; aussi tient-il de la fraîcheur qu’il doit nous apporter, et il est par là de la nature de l’yn.

Revenons aux premières combinaisons du monde : ce genre de corpuscules qui sont ce qu’on appelle yn, s’étant attachés et ajustés les uns auprès des autres ; la Terre et l’eau s’en formèrent, et les cinq éléments vinrent à exister. L’yang, et les atomes les plus déliés restèrent suspendus, et embrassèrent toute cette lourde masse, voltigeant, et roulant sans cesse tout autour. Un œuf de poule peut nous en fournir une légère image. Ne peut-on pas dire que la Terre est comme le jaune de l’œuf, qu’on voit suspendu et fixé au milieu, où il est immobile ? Le ciel ne peut-il pas être regardé comme le blanc de l’œuf, qui embrasse la partie qui est au centre, qui circule autour, et qui se maintient dans cet état, sans que rien y change de place ?

Le mouvement du ciel est ainsi constant et durable : cette substance subtile, et fluide, coule et roule sans cesse ; et par ce mouvement qui lui est propre, fait le partage des saisons, forme les vents, les nuages, les tonnerres, les pluies.

La production des hommes et des autres êtres vint ensuite, et tout l’univers se trouva dans un état de perfection. Au reste, tout ce qu’on peut imaginer de vif, de spirituel, d’excellent dans le ciel et dans la terre, venant à se réunir, et à se rassembler au plus haut degré de perfection