Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il fit grand chaud pendant tout le jour ; le pays que nous avons passé est fort beau et bien cultivé, jusqu'à 15 lys du lieu où nous campâmes : car alors la terre commence à être sablonneuse et remplie de pierres ; à mesure qu'on approche des montagnes, la terre devient plus ingrate ; les montagnes auprès desquelles nous campâmes, sont extrêmement escarpées, et si stériles, que l'on n'y voit pas un seul arbre : aussi les appelle-t-on en chinois, les pauvres montagnes, parce qu'elles ne produisent rien d'utile ni d'agréable. Elles sont au nord un quart nord-ouest de Peking, elles s'enchaînent avec d'autres montagnes, qui s'étendent à l'est et à l'ouest de cette ville, laquelle en est environnée presque de toutes parts, excepté au sud et au sud-est ; depuis Peking nous côtoyâmes ces montagnes à la distance d'environ 3.500 pas géométriques du côté de l'ouest, et d'environ 6.000 pas à l'est, jusqu'à ce que nous commençâmes à nous en approcher peu à peu, lorsque nous tournâmes du côté de l'ouest. Le lieu où nous campâmes s'appelle Nan keou, c'est-à-dire, la bouche ou l'entrée des murailles du côté du sud : nous fîmes ce jour-là en tout 95 lys. Le 31 nous fîmes seulement 75 lys pour ne pas trop fatiguer l'équipage : car il fallait tenir un chemin plein de pierres et de cailloux, dans des gorges de montagnes qui ne sont presque que des rochers fort escarpés ; nous commençâmes par passer une forteresse qui ferme l'entrée des montagnes. Les murailles de cette forteresse ont environ 35 pieds de hauteur, et 6 ou 7 de largeur. Elles sont construites de pierres de taille à la hauteur de quatre pieds, et ensuite de gros cailloux et de pierres de roche jusqu'aux créneaux qui sont de brique. La muraille n'a cette hauteur et cette largeur que dans la gorge des montagnes : car lorsqu'elle va s'étendant de côté et d'autre jusques sur les rochers qui sont si escarpés, que des chèvres auraient peine à y grimper, elle n'est plus ni si haute, ni si large : aussi y est-elle entièrement inutile, et qui pourrait grimper sur le sommet de ces rochers, n'aurait guère de peine à la franchir. Il y a partout des tours assez près l'une de l'autre de distance en distance, toutes de pierres, ou de briques, et de figure carrée ; au bas de la forteresse est un bourg assez gros nommé Nan keou tching. Quand nous fûmes sortis de ce bourg, nous fîmes environ 50 lys, toujours entre deux montagnes escarpées, et dans un chemin que j'aurais cru impraticable, si je n'y avais vu passer tout notre monde : nous tournions continuellement à travers ces rochers, pour suivre le grand chemin que l'on a ouvert, et pavé de grandes roches dans les endroits les plus difficiles. Nous côtoyâmes à droit et à gauche une grande muraille garnie de tours, qui va de côté et d'autre le long de ces rochers escarpés ; il nous fallait monter, descendre, et tourner sans cesse : nous en passâmes 5 ou 6 différentes, car il y en a de distance en distance dans les gorges des montagnes ; et il y a de l'apparence que comme le passage est plus aisé dans ces défilés, ou