Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nous rangeâmes des deux côtés. Kiou kieou à la gauche du prince, qui est la place la plus honorable, et immédiatement auprès de lui. So san se mit à la droite : tous s'assirent en même temps chacun sur son carreau, qu'ils placèrent eux-mêmes sur des tapis de laine préparés pour cela : ils se mirent à l'entrée de la tente du prince, qui était ouverte de tous côtés. Tous les mandarins de l'ambassade, au nombre d'environ 60 ou 70, se rangèrent aussi en deux files de chaque côté, et un peu derrière les ambassadeurs. Nous fûmes placés à la première file du côté de Kiou kieou, après 6 ou 7 des plus grands mandarins ; les simples cavaliers qui étaient au nombre de mille, ne quittèrent point leur étendard. Quelque temps après qu'on se fut assis, on apporta le thé tartare : on en donna d'abord au prince : son thé était porté dans un grand vase d'or, et on le lui versa dans une coupe que l'on lui présenta à genoux : quand il eut bu, on en donna aux ambassadeurs, et ensuite à tous les autres, à chacun selon le rang où il était placé. Tous avant que de boire et après avoir bu, inclinèrent la tête par respect, après quoi le prince se leva, et nous nous prosternâmes tous neuf fois jusqu'à terre, le visage tourné du côté du palais, pour remercier l'empereur de l'honneur qu'il nous avait fait, d'envoyer son propre fils pour nous accompagner. Le prince dit quelques paroles aux ambassadeurs d'un air riant, et qui témoignait beaucoup de franchise. Les deux ambassadeurs s'approchèrent de lui, et se mirent à genoux ; le prince leur prit la main, puis il monta à cheval et s'en retourna ; nous le suivîmes à pied jusqu'au grand chemin, où nous remontâmes à cheval et poursuivîmes notre route. Nous allâmes toujours droit au nord jusqu'à une ville que l'on nomme Tcha ho qui est à cinquante lys de Peking ; nous passâmes un fort beau pont de marbre, avant que d'approcher des murailles de cette ville, et un autre tout semblable après les avoir passées. Chacun de ces ponts a de longueur 60 pas géométriques, et 6 ou 7 de largeur : les parapets et le pavé sont faits de grandes pierres de marbre brut. Un peu après avoir passé cette ville, nous allâmes au nord-nord-ouest environ 30 lys, ensuite nous reprîmes le nord que nous suivîmes encore pendant 10 ou 12 lys ; puis nous rabattîmes un peu à l'ouest pendant 8 ou 10 lys, jusqu'au camp que l'on avait placé au pied des montagnes, près d'un fort bâti dans une gorge de ces montagnes, pour en fermer le passage. Les murailles de ce fort s'étendent de côté et d'autre jusques sur les montagnes, qui d'ailleurs sont si escarpées, qu'elles paraissent inaccessibles. Tous les mandarins des villes voisines vinrent rendre leurs respects aux ambassadeurs ; ils étaient revêtus de leurs habits de cérémonie, et ils se mirent à genoux sur le grand chemin, pour présenter leur papier de visite. Nous arrivâmes au camp à deux heures après midi. La tente de Kiou kieou était à la tête du camp : on l'avait entourée d'une espèce de petit mur d'un pied et demi de terre sèche. Nous eûmes chacun une tente le père Pereira et moi fort près de celle de Kiou kieou, où nous trouvâmes toutes nos hardes rangées.