des collines : cette plaine est cultivée en plusieurs endroits : et il y a çà et là des hameaux composés chacun de 7 ou 8 petites maisons de terre. Après avoir fait environ 40 lys dans cette plaine, nous passâmes auprès d'une tour bâtie depuis 400 ans, à ce qu'on nous assura. Elle est encore assez entière, au toit près qui tombe en ruine : elle commence aussi un peu à se démentir par le bas. C’est un octogone régulier à huit étages, dont chacun a pour le moins onze pieds de hauteur. Le premier en a plus de quinze, sans compter le couronnement, de sorte que tout l'édifice est bien haut de cent pieds. Cette tour est toute de brique aussi blanche que la pierre, et bien maçonnée : elle est embellie de divers ornements, qui sont aussi de maçonnerie de brique, et d'une sorte de plâtre appliqué sur la brique. C’est une architecture toute différente de la nôtre : mais quoiqu'elle soit un peu grossière, elle ne laisse pas d'avoir sa grâce, et de plaire à la vue. Le premier étage est rond, et fait en espèce de coupe ornée de feuillages ; les autres étages sont chacun à huit faces : il y a deux statues en demi bas-relief, de grandeur à peu près naturelle à chaque face ; mais elles sont mal faites. On monte par une échelle au premier étage, et c’est là que commence l'escalier. Il y a eu apparemment une ville ou une grosse bourgade dans cet endroit : car il reste un grand enclos de murailles de terre, qui sont à la vérité plus qu'à demi éboulées : mais elles paraissent encore assez, pour faire juger que cette tour a été bâtie par les Tartares d'ouest, pendant qu'ils régnaient à la Chine sous la famille d'Yuen. Le même ruisseau sous lequel nous avions campé le jour précédent, traverse encore toute cette plaine, se grossissant insensiblement de plusieurs sources. Il fit ce jour là fort froid le matin avant le lever du soleil, et depuis les huit heures jusques vers deux heures après midi, il fit fort chaud : car il n'y avait qu'un petit vent de sud ; vers les deux heures après midi, il s'éleva un vent de nord qui rafraîchit l'air, et le temps se couvrit un peu. Je trouvai ce jour-là la hauteur méridienne du soleil dans notre camp de 72 degrés 20 minutes à peu près. Lorsque nous arrivâmes proche du lieu où nous devions camper, les mandarins de Quei hoa tchin ou Hou hou hotun vinrent au devant de nos ambassadeurs. Peu après arriva une troupe de lamas à cheval, la plupart vêtus d'étoffe de soie jaune, avec de grandes écharpes rouges qui leur enveloppaient le corps. Il y en avait parmi eux un jeune assez bien fait de visage, les joues fort potelées, et d'un teint si blanc et si délicat, que je doutai si ce n'était pas une femme. C'était le principal de la troupe, il était distingué par un chapeau de je ne sais quelle matière, qui était tout doré, et se terminait en pointe ; les bords en étaient fort larges. Un autre de ces lamas avait un chapeau doré, mais plus petit et tout plat par le haut.
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