Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/132

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Ces deux lamas ne descendirent pas de cheval comme les autres, lorsqu'ils approchèrent des ambassadeurs, qui firent dresser au plus tôt des tentes pour les recevoir. Lorsque les ambassadeurs mirent pied à terre, tous les lamas qui étaient au nombre de douze ou quinze, s'approchèrent d'eux, et leur chef qui était le jeune homme dont j'ai parlé, ayant aussi mis pied à terre, se mit à genoux pour demander si l'empereur était en bonne santé : ensuite il se leva, et tous s'allèrent asseoir ensemble sous leurs tentes. On donna du thé tartare à tous ces lamas, et après un entretien assez court, leur chef se levant, prit congé des ambassadeurs, qui le conduisirent hors de la tente, et demeurèrent debout, jusqu'à ce qu'il fût monté à cheval : ce qu'il fit à trois pas d'eux, étant aidé de deux ou trois lamas qui le soutenaient comme par respect. Il reprit ensuite le chemin de Quei hoa tchin, suivi de la plus grande partie des lamas, qui étaient venus avec lui. Quelques-uns de ces lamas demeurèrent avec les ambassadeurs. Le 15 nous ne fîmes que 10 lys à l'ouest-nord-ouest, et nous campâmes auprès des murailles de Quei hoa tchin 1. C’est une petite ville qu'on dit avoir été autrefois fort marchande, et d'un grand abord, pendant que les Tartares d'ouest étaient les maîtres de la Chine ; à présent c'est fort peu de chose : les murailles bâties de briques sont assez entières par dehors ; mais il n'y a plus de remparts au dedans ; il n'y a même rien de remarquable dans la ville, que les pagodes et les lamas. On en voit plusieurs bien bâties, plus belles et plus ornées que la plupart de celles que j'ai vues à la Chine. Presque toutes les autres maisons ne sont que des huttes de terres. Les maisons des faubourgs sont un peu mieux bâties que celles de la ville, et il y a un peu plus de monde. Les Tartares d'ouest et les Chinois sont pêle-mêle dans ce quartier. L'empereur de la Chine y a ses officiers qui gouvernent en son nom. Tout ce qu'il y a de pays depuis la Chine jusques là, lui est soumis : mais il n'en est guère plus riche, car ce n'est qu'un désert, au moins par tout où nous avons passé, ainsi que je l'ai marqué en détail. On dit qu'il n'y a que deux bonnes journées : c'est-à-dire, environ dix-huit lieues d'ici, jusqu'à l'entrée de la province de Chan si, avec laquelle la ville de Quei hoa tchin fait son principal commerce, qui n'est pas considérable. Nos ambassadeurs étant entrés dans la ville, allèrent droit à la principal pagode. Plusieurs lamas les vinrent recevoir, et les conduisirent au travers d'une cour carrée, assez grande, et bien carrelée, dans la pagode où était un de leurs chefs. C’est un de ceux que ces fourbes disent ne mourir jamais : ils assurent que lorsque son âme se sépare de son corps, elle rentre immédiatement dans celui d'un jeune enfant. Aussi appelle-t-on communément en chinois ces lamas, Ho fo, c'est-à-dire, Fo vivant. On ne saurait croire la vénération que les Tartares ont pour ces imposteurs