Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/136

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couleur isabelle déjà vieille, et un capuchon qui s'élevait un peu au-dessus de leur tête. Le 17 nous séjournâmes dans le même lieu, parce que les provisions n'étaient pas encore faites. On distribua de la part de l'empereur du millet à tous ceux qui sont du voyage : on prie aussi 400 cavaliers des Tartares d'ouest, pour venir avec nous jusques sur les frontières du royaume de Halha ou Kalka, où ils devaient camper par troupes. Je trouvai la hauteur méridienne prise avec toute l'exactitude dont je suis capable, de 72 degrés et près de 30 minutes, c'est-à-dire, entre 25 et 30. Il fit fort chaud tout le matin ; à midi il s'éleva un vent du côté du sud-ouest, et sur les trois heures il en souffla un très violent de l'est, il fut mêlé de quelques coups de tonnerre ; le vent modéra la chaleur, et le ciel fut couvert de temps en temps. L'un des chefs des ambassadeurs nous parlant des lamas, nous fit connaître le peu de cas qu'il faisait de ces fourbes ; il nous ajouta que s'il avait été à l'adoration de ce prétendu immortel, c'était uniquement par complaisance pour l'autre ambassadeur qui l'avait souhaité, apportant pour raison que son père avait adoré ce même lama dans un autre corps. Il nous conta ensuite que celui des lamas qui était venu au devant d'eux le jour de leur arrivée, lui avait avoué ingénument qu'il ne savait pas comment il avait pu vivre dans un autre corps que celui qu'il a maintenant : qu'il n'en avait point d'autre preuve, que le témoignage des autres lamas qui l'en assuraient ; qu'au surplus il ne se souvenait de rien de ce qu'on disait qui lui était arrivé, pendant les autres vies dont on lui parlait. Comme l'ambassadeur lui demanda de qui les lamas pouvaient savoir qu'il eut déjà vécu et ressuscité plusieurs fois, il répondit qu'ils le savaient du Grand lama, c'est-à-dire, de leur souverain pontife, qu'ils adorent comme une vraie divinité ; qu'aussitôt après la mort du lama, il leur avait dit que ce lama avait repris une nouvelle vie en un endroit de la province de Chen si, et que son âme était passée dans le corps d'un enfant qu'il leur marquait, et en même temps il leur donna ordre de l'aller chercher, et de le mener dans leur pagode. Le même ambassadeur nous ajouta que le grand-père de l'empereur régnant, voyant qu'après avoir conquis la province de Leao tong, les Tartares d'ouest refusaient de se soumettre à sa domination, et craignant qu'ils ne méditassent quelque projet contre l'empire, il envoya un ambassadeur avec des présents au Grand lama : que celui-ci reçut avec distinction l'ambassadeur, et qu'il reconnut pour empereur le maître qui l'avait envoyé ; qu'enfin depuis ce temps-là les Tartares d'ouest s'étaient mis au nombre des vassaux de l'empereur. Un chrétien de cette bourgade de Quei hoa tchin nous a rapporté qu'il n'y avait aucun de ces lamas qui n'entretînt une ou deux femmes ; ils sont la plupart Chinois, au moins les plus considérables d'entr'eux ; ils font le meilleur trafic de tout le pays ; ils sont venus vendre des chevaux, des chameaux, et des brebis jusques dans notre camp ; j'en vis venir trois, qui firent présent