Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/14

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de leurs tours de briques et de leurs fossés, qui sont maintenant ou tout à fait détruites, ou à demi ruinées : elles sont effectivement inutiles sous le gouvernement des Mantcheoux, contre lesquels elles avaient été bâties par les princes de la famille précédente.

Chin yang ou Mougden est la capitale de tout le pays : les Tartares Mantcheoux ont pris soin de la faire bien rétablir, de l’orner de plusieurs édifices publics, et de la pourvoir de magasins d’armes, et de vivres. Ils la regardent comme la cour du royaume que forme leur nation, de sorte qu’après même leur entrée dans la Chine, ils y ont laissé les mêmes tribunaux souverains qui sont à Peking, excepté celui qu’on nomme Li pou[1].

Ces tribunaux ne sont composés que de leurs Tartares : tous les actes s’y dressent en caractères, et en langage mantcheou. Ces tribunaux sont en effet souverains, non seulement dans toute la province de Leao tong mais encore dans toutes les terres des Tartares immédiatement soumis à l’empereur ; ils décident de toutes les affaires de ces peuples avec la même autorité et dans la même forme, que les souverains tribunaux de Peking, et ils jugent de tout ce qui leur est rapporté par les tribunaux inférieurs de la Chine.

A Mougden est aussi la demeure d’un général tartare, qui a dans la ville même ses lieutenants généraux, avec grand nombre de soldats de la même nation : c’est ce qui y a attiré un grand nombre de Chinois des autres provinces, qui s’y sont établis, et qui font presque tout le commerce de la Tartarie.

Non loin des portes de la ville, sont deux magnifiques sépultures des premiers empereurs de la famille régnante, qui prirent le titre d’empereur, dès qu’ils commencèrent à dominer dans le Leao tong. L’une est du grand père de l’empereur, l’autre de son bisaïeul : toutes deux sont bâties suivant les règles et les desseins de l’architecture chinoise : mais ce qui n’est pas ailleurs, elles sont fermées d’une muraille épaisse, garnie de ses créneaux, et un peu moins haute que celle de la ville. Plusieurs mandarins mantcheoux de toute sorte de rang sont destinés à en avoir soin, et à faire dans le temps marqué certaines cérémonies, qu’ils pratiquent avec le même ordre, et les mêmes témoignages de respect, que si leurs maîtres vivaient encore.

Le trisaïeul de l’empereur est enterré à Inden. Ce lieu ressemble plutôt à un gros bourg, qu’à une ville, et la sépulture royale n’est que médiocrement bien bâtie ; c’est à Inden que les Mantcheoux commencèrent à établir le siège de leur empire sur les peuples chinois : les autres villes de cette province sont peu considérables, nullement peuplées, mal bâties, sans avoir d’autre défense qu’un mur, ou à demi ruiné, ou fait de terre battue, quoique quelques-unes comme Y tcheou, et King tcheou soient très bien situées, eu égard au commerce, et que leur terroir abonde même en coton.

La ville de Fong hoang tching est meilleure, beaucoup plus peuplée, et assez marchande, parce qu’elle est comme la porte du royaume de Corée :

  1. Ce Tribunal est le premier des six tribunaux souverains. Il propose, il casse les officiers qui gouvernent le peuple, etc.