Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/142

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ce n’est un peu à l'ouest, où l'on découvre quelques montagnes, mais fort éloignées. Toutes ces campagnes sont pleines de crottes de ces chèvres jaunes, et de daims ; nous vîmes cinq ou six de ces derniers. On nous dit qu'il y avait beaucoup de loups qui suivent ces troupeaux de chèvres jaunes : les charretiers de Kiou kieou, qui, ayant pris les devants, avaient campé dans la plaine, nous dirent qu'ils en avaient ouï hurler plusieurs pendant la nuit, et nous trouvâmes en chemin la dépouille de quelques-unes de ces chèvres jaunes, qui, apparemment, avaient été dévorées par les loups : je vis les cornes de deux, elles sont semblables à celles des gazelles. Il n'y a pas une goutte d'eau dans tout le chemin, depuis le lieu d'où nous partîmes jusqu'à celui où nous campâmes. Il y avait proche du ruisseau cinq ou six tentes de Tartares Kalkas 1, auxquels appartient le pays : il paraissait que plusieurs de ces Tartares avaient campé le long de ce ruisseau ; car la terre était pleine de fiente de leurs bestiaux, et de poil de chameaux. C'est proprement là que commence l'empire de Kalka, et que finit le pays des Mongous soumis à l'empereur de la Chine. Le temps fut couvert presque tout le jour, fort doux, et sans vent jusqu'à midi : après midi il s'éleva un vent d'est, qui tourna ensuite au sud et de là à l'ouest, et qui amena un peu de pluie sur le soir. Le 27 nous fîmes 80 lys, dont cinquante environ furent droit au nord et le reste au nord-nord-ouest : tout le pays que nous traversâmes n’est presque que sable mouvant, excepté dans de petites montagnes que nous passâmes après avoir fait environ 25 lys. Ces montagnes sont pleines de pierres et de roches un peu couvertes de terre ; elles ne sont ni hautes ni longues, ce ne sont la plupart que de petites élévations les unes sur les autres ; nous vîmes encore quantité de lièvres et de perdrix ; nous trouvâmes aussi, proche de la plaine où nous campâmes, une petite chèvre jaune, qui fut prise par un lévrier. Nous fûmes obligés de camper sur des sables mouvants, parmi lesquels il ne laissait pas d'y avoir quelques herbes qui servirent de pâturage aux chevaux, mais il n'y avait ni ruisseau ni fontaine, de sorte qu'on fut contraint de faire creuser des puits dans le sable pour avoir de l'eau. On en creusa quantité, afin de pouvoir donner à boire aux bestiaux qui étaient en très grand nombre. Il fit un temps fort beau tout le jour, le ciel fut un peu couvert pendant quelques heures, et il y eut toujours un vent de nord-nord-ouest qui rafraîchit l'air. Le 28 nous fîmes 60 lys, dont la moitié fut au nord-ouest, et le reste à l'ouest ; tout le pays que nous trouvâmes était toujours également stérile et inculte : ce n'était que sable partout, mais non pas mouvant ; nous passâmes environ vers la moitié du chemin entre de petites montagnes par des sentiers difficiles ; ensuite nous entrâmes dans une plaine, qui n’est aussi que de sable, et nous vînmes camper au pied des hauteurs qui terminent cette plaine : il n'y avait point d'eau, et il fallut, comme le jour précédent, creuser des puits, dont l'eau se trouva bonne.