Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/146

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en montant, et tantôt en descendant, mais d'une manière imperceptible : le pays est également désert et inculte, tout le terrain étant de sable. Nous campâmes dans cette plaine, au-delà d'une petite hauteur que nous descendîmes presque insensiblement : il y avait aux environs quelque peu de bonne herbe çà et là dans les sables, que nos chevaux mangèrent avec avidité, quoiqu'elle fût fort sèche : mais il y avait cinq ou six jours qu'ils n'avaient point trouvé de si bons fourrages, et n'avaient vécu que de feuilles d'arbrisseaux. Il n'y avait point d'eau dans ce lieu-là, et comme nous en avions été avertis, nous n'étions partis qu'à deux heures après midi, afin de faire boire les bestiaux auparavant et de faire manger tout l'équipage. Il fit un temps fort beau et fort tempéré tout le jour : un grand vent de nord-ouest modéra la chaleur, qui se faisait sentir vivement dans les tentes. Le 6 nous décampâmes vers les quatre heures du matin, et nous fîmes cinquante lys au nord-nord-ouest dans la même plaine que le jour d'auparavant, où le terrain est tout semblable. Nous vînmes camper au-delà d'une petite colline dans un lieu où il y avait de l'eau ; nous y trouvâmes une partie de nos gens qui y étaient venus dès la veille, et qui nous avaient préparé des puits en quantité ; mais nous ne trouvâmes point de fourrages propres pour les bestiaux ; on ne put faire que de petites journées, parce que les chevaux étaient extrêmement fatigués ; il en mourut tous les jours quelques-uns de pure lassitude, ou plutôt de faim et de soif. Il fit fort froid le matin, le temps étant couvert, et faisant un grand vent de nord-nord-ouest, qui sur les neuf à dix heures vint au nord-ouest, et dissipa tous les nuages, de sorte que le temps fut beau et tempéré tout le reste de la journée. Le 7 nous fîmes soixante-dix lys : quarante au nord-ouest, et trente au nord-nord-ouest, le pays toujours inégal, et semblable à celui des jours précédents, tout de sable, inculte et stérile, sans arbres et sans pâturages. Nous trouvâmes seulement une petite fontaine, après avoir fait quarante lys : nous vînmes camper dans une vallée, qui est presque toute environnée de collines, et au-delà de laquelle on nous dit qu'il y avait un camp de Tartares de Kalka. Il fit fort chaud depuis les huit heures jusques vers les onze heures, qu'il s'éleva un grand vent d'ouest-nord-ouest qui tempéra la chaleur. Le temps au reste fut serein. Nous vîmes encore une bande de daims et quelques lièvres. Le soir il fit un orage, et plut assez longtemps au commencement de la nuit. Plusieurs lamas, et autres Tartares du pays vinrent visiter Kiou kieou. Le 8 nous fîmes quatre-vingt lys, environ la moitié au nord-nord-ouest, et le reste au nord dans un pays toujours de sable, également désert, inculte et inégal, sans arbres, sans pâturages. Nous campâmes au-delà de quelques petites montagnes, entre lesquelles nous tournoyâmes quatre à cinq lys à l'entrée d'une grande plaine, proche d'un lieu où il y avait 25 ou 30 tentes des Tartares du pays, toutes fort misérables ; nous en trouvâmes