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Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/145

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après avoir traversé le reste de la plaine où nous avions campé, qui était encore d'environ trente lys, nous passâmes de petites montagnes, au pied desquelles il y avait quelques puits tous faits, de l'eau, et de l'herbe ça et là. Il s'y trouva tant de perdrix, que je n'en ai jamais vu une si grande quantité ensemble : nous en vîmes partir des volées semblables à celles des étourneaux : nous traversâmes ensuite une autre plaine, qui a près de 50 lys de longueur, au bout de laquelle nous passâmes une petite hauteur, et nous vînmes camper dans un fond, qui n’est que sable comme tout le reste du chemin. Comme il n'y avait point d'herbe, il fallut que les bestiaux broutassent les feuilles des arbrisseaux dont je viens de parler. On creusa trois ou quatre pieds dans le sable, avant que de trouver de l'eau. Tout ce pays que nous avons traversé, est toujours plus désert et plus inculte ; ce ne sont que sables brûlés. Il fit fort chaud tout le matin ; il s'éleva sur le midi un grand vent d'ouest-sud-ouest qui rafraîchit un peu l'air, mais qui n'empêcha pas qu'il ne fît fort chaud dans les tentes ; sur le soir le vent se tourna au nord, et fut fort violent presque toute la nuit. Le 4 nous fîmes cinquante lys au nord-ouest, environ trente-cinq dans la même plaine, où nous avions campé, qui n’est pas égale, mais mêlée de petites hauteurs, le reste entre de petites montagnes, dans une vallée où il y a quelques arbrisseaux ; quoique ce ne fût partout que sables, tantôt mouvants, et tantôt fermes, le pays est également désert et inculte, sans pâturages et sans eau ; nous trouvâmes pourtant quelques petits puits tous faits, où il y avait de l'eau ; nous campâmes à la sortie de ces montagnes dans un lieu où il ne se trouva que de l'eau qui était saumache, aussi y avait-il beaucoup de salpêtre dans ce vallon. On en alla chercher à deux ou trois lys plus avant, où on en trouva de tolérable : nous vîmes encore en chemin quelques daims et quelques perdrix. On nous dit qu'aux environs du lieu où nous étions, il y avait des Tartares de Kalka campés, et en effet il en vint quelques-uns avec des chameaux et des chevaux pour les vendre à nos gens. Il fit un temps assez tempéré tout le jour, le ciel fut presque toujours couvert, et il régna un petit vent de nord qui était fort froid le matin. Le 5 nous fîmes quarante-cinq lys au nord-ouest : un peu après être sortis de notre camp, nous trouvâmes quelques tentes de ces Tartares de Kalka répandus çà et là, et leurs troupeaux de vaches, de chevaux, de moutons, et de chameaux aux environs. Il ne se peut rien imaginer de plus misérable que leurs tentes beaucoup plus basses, plus petites, et plus pauvres que celles des Mongous qui sont proche de la Chine. Ils sont aussi plus malpropres et plus hideux dans leurs personnes, quoiqu'ils parlent la même langue : leurs enfants vont tous nus, et pour eux, ils n'ont que de méchantes vestes de toile doublée d'une fourrure de peau de mouton. Plusieurs n'ont pour habits que des peaux de mouton, qui ne sont ni passées ni corroyées, mais seulement séchées au soleil. Nous marchâmes toujours dans une plaine un peu inégale, qui va tantôt