Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/150

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de je ne sais quelle peau qui ne paraissait pas trop belle ; la veste était bien sale et fort antique : il portait un bonnet fourré de zibeline, qui était aussi déjà bien passé : son visage était rouge et son air décontenancé : il n'était accompagné que de quatre ou cinq de ses gens, qui étaient tous hideux et malpropres. Nous ne partîmes qu'à midi, afin de donner le loisir à nos gens de troquer leurs chevaux, et leurs chameaux les plus fatigués, avec d'autres tous frais de ces Tartares, qui ne veulent point recevoir d'argent, mais seulement, comme je l'ai dit, de la toile, du thé, du tabac, et du sel. Nous ne fîmes que 28 lys au nord-est, et nous eûmes une grosse pluie sur le dos tout le chemin, qui est toujours semblable au précédent ; nous campâmes dans un lieu où il n'y avait point d'eau ; mais ou il y avait quelque peu de fourrages pour les bestiaux. Il avait fait un très grand vent d'ouest tout le matin, et il plut presque toute l'après-midi. Le 15 nous fîmes 38 lys, 20 droit à l'est, jusqu'à ce que nous rencontrâmes le chemin qu'avait fait une troupe de nos gens qui y avait passé. Nous suivîmes alors ce chemin, et fîmes environ dix lys au nord, et huit à l'est-nord-est, le pays toujours aussi mauvais et également désert et inculte. Nous campâmes dans une plaine au pied d'un rocher, où nous trouvâmes des puits tous faits, apparemment par cette troupe de nos gens qui y avait campé auparavant. Il fit fort froid tout le matin, le temps se couvrit, et il fit un grand vent de nord sur les onze heures : il plut un peu le reste de la journée, mais il fit toujours grand vent de nord-est. Ce jour-là même le domestique que Kiou kieou avait envoyé, lorsque nous commençâmes à retourner sur nos pas, arriva en notre camp avec un Tartare du pays, qui lui avait servi de guide ; il apporta une lettre du président de Lim fa yuen, qu'il avait trouvé à une journée de ce même lieu, d'où nous avions retourné en arrière. Ce mandarin mandait à Kiou kieou, qu'il l'attendait dans un lieu où il y avait de l'eau, et du fourrage en abondance : qu'au reste cette guerre du roi d'Eluth avec celui de Kalka, n'avait rien de commun avec eux, qu'ils n'étaient ni les uns ni les autres ennemis de l'empereur de la Chine, et que cela ne devait pas les empêcher d'avancer, et de se rendre au plus tôt au lieu destiné pour les conférences de la paix : le domestique de Kiou kieou ajouta que So san laoyé avec sa suite, et Ma laoyé avec la sienne continuaient leur chemin, ce qui fit connaître à Kiou kieou que leur résolution de retourner sur leurs pas avait été un peu précipitée, et qu'il avait inutilement fatigué, et presque mis à bout son équipage. Nous trouvâmes sur le chemin encore une troupe de Tartares de Kalka, qui s'enfuyaient avec toute leur famille. Le 16 nous fîmes 46 lys au nord-nord-ouest, le pays toujours également mauvais. Nous trouvâmes en chemin plusieurs troupes de Tartares qui fuyaient avec leur famille et leurs troupeaux : ils étaient tellement effrayés