Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/165

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Il fit tout le jour un temps fort frais, avec un vent de sud : il plut un peu l'après-midi à diverses reprises. J'appris ce jour-là que le roi d'Eluth s'avançait avec son armée vers l'est, du côté de la province de Solon : il avait pris sa marche le long d'une petite rivière, qui n'est qu'à 10 ou 12 lieues de l'endroit d'où nous sommes retournés, et sur le bord de laquelle nos ambassadeurs avaient résolu d'aller camper, avant que nous eussions reçu les ordres de l'empereur. Je sus aussi que Sa Majesté avait envoyé beaucoup de troupes sur ces frontièreset qu'un des plus puissants régulos, qui lui sont soumis, s'avançait de ce côté-là à la tête de dix mille chevaux, pour être en état de s'opposer au roi d'Eluth en cas qu'il voulût faire quelque entreprise sur les terres de l'empire. Il y avait dans tous les environs de notre camp une très grande quantité de perdrix ; mais il faut remarquer que ces perdrix, qui se trouvent parmi les sables et dans ces déserts de Tartarie, quoiqu'assez semblables aux nôtres pour la grosseur et la figure, leur sont de beaucoup inférieures pour le goût, aussi nos gens en faisaient si peu de cas, qu'ils ne daignaient pas même les chasser. Le 19 nous décampâmes sur les trois heures après midi, après avoir fait boire tous les bestiaux, parce que nous ne devions point trouver d'eau au lieu où nous allions camper : nous fîmes 40 lys à l'est toujours dans des sables mouvants, mais pleins de grandes herbes, parmi lesquelles il y avait une infinité de lièvres, aussi vint-on toujours en chassant. Un peu après être sortis de notre camp, nous vîmes passer devant nous des nuées de perdrix, plus nombreuses que ne sont les grandes bandes d'étourneaux en France. Il y en avait à milliers : elles allaient par volées de plusieurs centaines toutes du côté du sud, où apparemment elles allaient chercher quelque fontaine. Le matin il plut à diverses reprises, et le temps fut presque tout le jour couvert, mais extrêmement chaud, et sans aucun vent. Je me trouvai ce jour-là encore plus mal qu'à l'ordinaire, mais le soir je fus considérablement soulagé. Le lieu où nous campâmes était plein de fourrage assez bon, quoiqu'il crût dans des sables mouvants. Le 20 nous fîmes 80 lys, partie au sud-est et le reste au sud : nous nous arrêtâmes à mi-chemin, en un lieu où nous trouvâmes deux petits puits pleins d'eau fraîche ; nous avions dessein de ne pas aller plus loin ce jour-là ; mais la difficulté de pouvoir abreuver tous les bestiaux avec l'eau de ces deux petits puits, ou d'en faire de nouveaux, qu'il aurait fallu creuser bien avant en terre, le manque de fourrage, et surtout l'envie d'arriver au plus tôt au lieu où nous devions trouver de l'eau de source, et attendre la réponse des Moscovites, nous déterminèrent à faire encore autant de chemin que nous en avions déjà fait. Le matin nous marchâmes presque toujours dans des sables mouvants pleins de lièvres ; mais l'après-midi c'était presque tout sable ferme couvert d'herbes, qui pouvaient servir de fourrage ; il ne laissait pas d'y avoir quantité de lièvres parmi ces herbes ; nous vîmes