Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/166

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encore le matin et le soir plusieurs grandes compagnies de perdrix. Enfin nous vînmes camper près de cette source dont j'ai parlé : l'eau en était très fraîche et excellente à boire : c'est la plus claire et la meilleure que nous ayons trouvé durant tout ce voyage ; nous trouvâmes So san laoyé campé sur une éminence au-dessus de la source, avec toute sa suite. Pour nous, nous campâmes dans une petite vallée. Nous étions environnés de hauteurs de toutes parts excepté au nord-est, qui est une plaine à perte de vue. Il y avait dans cette vallée et sur une partie du penchant des collines qui l'environnent, des herbes fort hautes, où il se trouvait quantité de lièvres et de perdrix. A notre arrivée un petit officier du Tribunal de Lympha yuen apporta des ordres de l'empereur à So san laoyé, pour le charger de disposer les postes sur tous les chemins de la Tartarie occidentale, afin que Sa Majesté pût envoyer promptement les ordres à tous les régulos et aux autres mandarins, qui sont sous les armes, et campés en différents endroits des frontières de l'empire, et recevoir pareillement de leurs nouvelles. Il fit tout le jour une chaleur violente sans aucun vent : cependant je me trouvai bien mieux que je n'avais fait depuis trois semaines. Il fit de grands tonnerres et une grande pluie au commencement de la nuit. Le 21 au matin nous vîmes venir en notre camp une infinité de perdrix, la plupart d'une espèce particulière, qui ne sont pas si délicates à manger que les ordinaires ; leur chair est plus noirâtre : les Chinois les appellent cha ki, c'est-à-dire poules de sable, apparemment parce qu'elles se plaisent dans les sables où il y a des herbes : il y en avait aussi de semblables aux nôtres, mais en moindre quantité, qui venaient par volées de plusieurs centaines pour boire à la source, auprès de laquelle nous étions campés : qui aurait eu de bons tireurs et de bons chiens, aurait fait belle chasse, mais nos gens n'avaient ni l'un, ni l'autre. Nous séjournâmes, et il fit tout le jour assez frais, le temps ayant presque toujours été couvert avec un vent de nord-ouest médiocre : il plut aussi un peu à diverses reprises. Le 22 nous séjournâmes encore : le temps fut assez frais tout le jour avec le même vent que le jour précédent : il arriva ce jour-là des députés de deux régulos de Peking qui sont campés à douze ou quinze lieues d'ici. Ils envoyaient complimenter nos deux premiers ta gin, qui étaient leurs alliés. Ce jour-là étant allé voir le médecin que l'empereur a envoyé avec nous, pour prendre soin des malades, je lui dis l'état où j'étais, et je lui demandai une médecine pour purger la bile dont je me sentais accablé : il m'en ordonna quatre petites au lieu d'une bonne, et pour les préparer, il donna deux pincées de cinq ou six sortes de simples, racines, et poudres, pour en faire la décoction, et en prendre plein une petite tasse de porcelaine, c'est-à-dire, la valeur d'un petit verre le soir en me couchant, et autant le matin ; j'en pris le soir même, elle était assez amère, mais elle n'avait