Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/168

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Les viandes furent servies sous une petite tente qui nous mettait à l'abri du soleil, mais à plate terre, dans de méchants bassins de cuivre très malpropres : aussi le repas fut-il plus pour les valets, que pour les maîtres. La tente de ce taiki n'était pas non plus fort propre, et ne différait de celles des autres Mongous, qu'en ce qu'elle était un peu plus grande, et que cette étoffe grossière dont elle était couverte, n'était pas noircie de fumée, ni déchirée comme les autres. Il y avait devant la porte de sa tente pour toute garde une pique plantée, au haut de laquelle était une touffe de poil de vache noire : c'est à cette pique que s'attache l'étendard des gens que le taiki commande. Nous campâmes dans un lieu où il n'y avait ni ruisseau, ni fontaine : mais on trouva aisément de l'eau en creusant des puits de deux pieds de profondeur ; l'eau n'en était pas fort froide, et elle avait un très mauvais goût ; nous trouvâmes aux environs de notre camp d'assez bon fourrage et en quantité. Il fit extrêmement froid le matin jusque vers les sept heures : ensuite le temps fut serein et le soleil fort ardent, mais il ne laissa pas d'être assez frais à cause d'un assez grand vent de nord qui souffla tout le jour. Le 28 nous séjournâmes dans notre camp, et nous vîmes le matin une quantité prodigieuse de ces perdrix, que les Chinois appellent cha ki : nous vîmes aussi des canards et des oies sauvages sur des mares d'eau, qui étaient aux environs de notre camp. Le temps fut comme le jour précédent, excepté qu'il fut plus clair et plus chaud, n'y ayant eu qu'un petit vent d'est : le dégoût me reprit de nouveau. Nos ta gin partirent le soir pour aller à la chasse des chèvres jaunes avec le taiki qui était campé assez près de nous. Celui-ci avait envoyé ses gens pour chercher où il y en avait, dans le dessein de les enfermer pendant la nuit dans une enceinte, afin que nos ta gin eussent le divertissement de les chasser durant le jour. J'appris ce jour-là du second président de Lympha yuen, que tous les Tartares d'ouest qui s'appellent en leur langue, Mongous, d'où est sans doute venu le mot de Mogol, et qui sont sujets de l'empereur de la Chine, sont gouvernés par vingt-quatre régulos, lesquels occupent toute cette étendue de la Tartarie, qui tourne à l'entour de la grande muraille de la Chine, depuis la province de Leao tong jusque vers le milieu de la province de Chen si ; mais qui ne s'étendent pas fort loin au-delà de la grande muraille. Du côté de Hou hou hotun par où nous passâmes en revenant, il n'y a pas plus de cinquante ou soixante lieues depuis la dernière porte de la grande muraille, jusqu'aux frontières du royaume de Kalka, et depuis les limites par où nous sommes revenus, qui bornent aussi les mêmes terres de Kalka, il n'y a guère que cinquante ou soixante lieues jusqu'à la grande muraille en ligne droite, nord et sud. Le même nous dit que tous ces Mongous sont divisés en quarante-neuf étendards, sous lesquels l'empereur les peut faire assembler quand il le juge