Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/167

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pas le même déboire que les médecines d'Europe : elle ne m'empêcha point de dormir. Le 23 nous continuâmes à séjourner ; le temps fut tout le jour serein et assez frais, parce qu'il fit un bon vent de nord-ouest. Je pris encore le matin et le soir médecine, l'effet qu'elle produisit fut que j'eus plus de dégoût, que je me trouvai plus affaibli, et plus échauffé qu'auparavant. Le 24 nous continuâmes à séjourner ; le temps fut semblable au jour précédent, excepté qu'il fit un peu plus chaud : je me sentis encore le matin assez mal, mais ensuite un peu soulagé. Le 25 un des mandarins de Lympha yuen, qui était allé trouver l'empereur avec le président de ce Tribunal, retourna ici, et apporta des ordres de Sa Majesté, qui permettaient à tous les mandarins, cavaliers et autres de la suite des quatre ta gin de retourner à Peking, à la réserve des seuls ta gin à qui il était ordonné de demeurer au lieu où nous sommes, jusqu'à ce qu'ils eussent reçu la réponse des Moscovites. Sa Majesté marquait expressément que nous demeurassions aussi pour traduire cette réponse. Ces ordres causèrent bien de la joie à tous ceux qui avaient permission de s'en retourner : car on était extrêmement fatigué, et presque tous les équipages étaient ruinés. Il fit tout le jour assez frais, le temps ayant presque toujours été couvert avec un vent de sud-ouest. Je me sentis beaucoup mieux de la médecine que j'avais prise les jours d'auparavant. Le 26 tous ceux de nos gens qui avaient permission de s'en retourner chez eux, décampèrent, et prirent le chemin de Peking : nous restâmes seuls avec Kiou kieou, So san laoyé, Ma laoyé et Ou laoyé. Le temps fut couvert et pluvieux tout le jour : le vent fut de sud-ouest. Je me trouvai considérablement mieux. Le 27. nous décampâmes pour nous avancer plus près des lieux où l'empereur chassait, et pour avoir plus commodément du fourrage. Nous fîmes 50 lys à l'est, et nous prîmes même sur la fin du chemin un peu du nord ; nous marchâmes toujours dans une grande plaine, un peu plus égale que les précédentes ; le terrain toujours de sable, mais ferme, porte beaucoup d'herbes, parmi lesquelles il y avait quantité de lièvres ; c’est pourquoi nos gens vinrent toujours en chassant ; nous fîmes aussi partir plusieurs perdrix. Nos deux premiers ambassadeurs avaient des oiseaux de proie, mais apparemment qu'ils ne volaient pas la perdrix, car on ne les lâcha que sur des alouettes, et d'autres petits animaux semblables.

Nous trouvâmes sur le chemin plusieurs petits camps de Mongous, et le taiki ou prince mongou qui était venu visiter nos ambassadeurs le jour qu'ils arrivèrent aux limites de l'empire : ils étaient campés sur la route que nous tenions. Le taiki nous donna à dîner dans son camp qui n'était pas fort grand, et aux environs duquel il y avait peu de troupeaux. Le repas consista en viandes demi cuites de mouton, et de chèvre jaune que je trouvai d'assez bon goût : il ne lui manquait que d'être plus cuite, et nous eussions souhaité un peu de riz : le thé tartare ne fut pas épargné.