Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/179

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Ce détroit va un peu en tournant, tantôt vers le sud, et tantôt vers l'ouest : mais il court plus ordinairement à l'est-sud-est, et au sud-est. Nous campâmes dans ce détroit même, les uns sur le penchant d'une montagne, les autres dans la vallée qui commence un peu à s'élargir après quinze lys : la nuit nos gens furent à la chasse au cerf, ils en virent quelques-uns et tirèrent dessus, mais ils les manquèrent. On dit qu'il y en a quantité dans ces montagnes : nous suivîmes toujours le chemin que l'empereur avait fait en ce pays-là, où il n'avait passé que depuis un mois. Il plut une partie de la nuit et le lendemain jusqu'à midi, après quoi le temps se découvrit, et fut assez tempéré jusqu'au coucher du soleil : la nuit fut fort froide. Le 25 nous fîmes 40 lys à l'est sud-est, toujours dans le même détroit de montagnes qui va en s'élargissant peu à peu. Le ruisseau qui descend dans la vallée, se grossit insensiblement des eaux de plusieurs fontaines, et d'autres petits ruisseaux qui coulent des montagnes. Les chemins sont moins difficiles à mesure que la vallée s'élargit : tout y est plein d'excellents fourrages ; il y a quantité de rosiers sauvages et de ces petits arbrisseaux qui portent les oulanas ; ils n'ont pas plus d'un pied et demi de haut, et n'ont qu'une seule branche, mais toute pleine de fruits. Ceux que nous trouvâmes en chemin étaient dépouillés de leurs fruits, qui avaient été enlevés par les gens de la suite de l'empereur. Nous ouïmes en chemin des cris de cerfs, et nous en aperçûmes quelques-uns. Un peu après avoir campé sur une des montagnes qui sont au nord, nous aperçûmes une bande de vraies perdrix, et une autre de faisans : nous campâmes encore dans une vallée de ce détroit, mais qui a près de demie lieue de largeur en cet endroit, et au milieu de laquelle un gros ruisseau roule ses eaux avec rapidité. La vallée est remplie de bons fourrages. On trouve au pied des montagnes quantité d'oulaniers, et on nous en apporta plusieurs chargés de fruits. J'allai moi-même sur le soir me promener sur les petites hauteurs qui sont au pied des montagnes où il y avait quantité de ces oulanas ; mais la plus grande partie avait été flétrie ou brûlée par la gelée. Il fit extrêmement froid la nuit et le matin, une grosse gelée avait glacé l'eau dormante dans la vallée : le reste du jour il fit un temps assez tempéré ; il plut au commencement de la nuit. Le 26 nous fîmes 50 lys : trente à l'est-sud-est, et vingt à l'est, en marchant toujours dans la même vallée ; le pays était encore plus agréable que les jours précédents ; la vallée était plus large, et en quelques endroits elle était garnie d'une si grande quantité d'arbres, qu'on l'eût prise pour un verger. Les fourrages étaient bons, surtout dans les endroits lesquels n'avaient pas été foulés par la marche de l'empereur, qui a fait ce chemin au commencement de ce mois. Il se trouva au milieu des grandes herbes, qui sont le long de la rivière, une très grande quantité de faisans : nos ta gin avec leur suite, vinrent toujours en chassant, et en tuèrent quelques-uns : les faucons de Kiou kieou en prirent un grand nombre ; ils sont semblables à ceux de France et d'un goût aussi délicat.