Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Après avoir fait les trente lys, nous quittâmes cette vallée qui commence à s'étrécir, et nous prîmes au nord-est en montant une haute montagne toute couverte de bois, de chênes, de pins, d'aulnes, de coudriers, etc. Après avoir descendu cette montagne en tournant tantôt au nord et tantôt au nord-est, nous entrâmes dans une autre vallée à peu près semblable à la première, et nous fîmes environ quinze lys à l'est. Cette vallée abonde aussi en faisans. Du sommet de la montagne que nous montâmes, on voit une forêt, ou un labyrinthe de pointes de montagnes sans nombre, qui sont semblables à celles dont j'ai parlé ci-devant ; nous campâmes dans un lieu fort agréable et rempli de fourrages, proche d'un gros ruisseau qui vient du sud, où aboutit une autre vallée. Le temps fut tout le jour assez beau, et fort tempéré avec un vent de sud-ouest. Le 27 nous fîmes à peu près 130 lys pour arriver au camp de l'empereur : nous marchâmes d'abord presque droit à l'est, et fîmes près de 80 lys à ce rumb, prenant tantôt un peu du nord, et tantôt un peu du sud, pour suivre la vallée qui tourne de temps en temps autour des montagnes ; elle n’est pas également large partout, mais ordinairement elle a près de deux lieues de largeur, et quelquefois davantage : elle est pour le moins aussi agréable que les autres, et les montagnes offrent encore un spectacle plus agréable à la vue, et plus diversifié de rochers, sur lesquels il y a çà et là de petits bosquets formés, tantôt par des pins, tantôt par des aulnes, des chênes, et d'autres arbres, dont quelques-unes de ces montagnes sont toutes couvertes. Toute la vallée est arrosée de gros ruisseaux qui viennent de ces montagnes, et qui forment une petite rivière ; il y a aussi beaucoup de faisans dans tous ces endroits ; et si l'empereur qui s'est réservé ce quartier de la Tartarie pour la chasse, permettait d'en cultiver les terres, elles seraient sans doute très fertiles. Après avoir fait ces 80 lys à l'est, nous trouvâmes que la vallée s'élargissait considérablement, et qu'elle formait une plaine de plus d'une lieue de diamètre. Nous traversâmes cette plaine en tournant vers le nord-ouest, et nous passâmes la rivière ; nous vîmes sur ses bords quantité de grosses pièces de bois propres à bâtir, la plupart de sapin ; on les fait descendre sur cette rivière dans le temps qu'elle est le plus fournie d'eau jusque vers la mer du Japon ; puis on les transporte dans une autre rivière, et en les faisant flotter sur l'eau, on les conduit jusqu'à une journée de Peking. C'est ce qui fait que le bois à bâtir n'y est pas cher, quoiqu'il s'en fisse une grosse consommation, parce que les charpentes des maisons sont extrêmement fournies. Outre la commodité qu'on a de faire flotter le bois jusqu'aux environs de Peking, il ne coûte aux marchands que la peine de le faire couper et rouler dans la rivière, qui est fort proche des montagnes, parce que l'empereur donne liberté entière à quiconque d'abattre de ce bois. Après avoir traversé cette plaine, nous suivîmes un grand chemin j qui menait