Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/191

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Nous ne vîmes ni gardes, ni soldats à aucune de ces portes ; la plupart ne sont pas même en état d'être fermées, et paraissent ne l'avoir pas été depuis longtemps ; il est vrai que tout cela devient maintenant inutile ; il ne laisse pas d'y avoir encore plusieurs enceintes de muraille en quelques endroits ; et je remarquai que du coté de l'occident, il y en avait double rang sur deux différentes chaînes de montagnes, qui venaient se réunir fort près de la vallée par où nous rentrâmes dans la Chine. Quoique Kou pé keou ne soit pas considérable, nous ne laissâmes pas d'y trouver d'assez bons fruits, de gros raisins violets, des pêches fort belles et des poires ; on y sème de bon blé dans les terres des environs ; enfin nous nous trouvions dans un pays tout différent, et l'on peut dire que nous passions d'une extrémité à l'autre. Le temps fut serein et tempéré. Le 5 nous fîmes cent lys, partie au sud-ouest, et partie à l'est-sud-sud-ouest. Nous marchâmes premièrement dans une vallée assez étroite, entre des montagnes moins hautes que les précédentes, et sur lesquelles il n'y avait point de bois. Après avoir fait environ vingt lys, la vallée s'élargit considérablement, et forme trois plaines l'une après l'autre. La première va jusqu'à une forteresse nommée Che hia, dont les murailles et les tours commencent à se démentir ; elles sont bâties de pierres de taille jusqu'à deux pieds hors de terre. Le reste qui a environ vingt pieds de hauteur est de brique. La seconde plaine a environ trente ou quarante lys de longueur, et la troisième va jusqu'à Mi yun hien : c'est une petite ville où nous nous arrêtâmes quelques heures pour faire repaître nos chevaux ; nous y louâmes une chaise, et des porteurs pour le père Pereira, qui était si incommodé, qu'il ne pouvait presque plus se remuer, ni supporter le cheval. Toutes ces plaines sont fort bien cultivées et pleines de villages, et de hameaux. Nous trouvâmes de bons fruits et de bons poissons à Mi yun hien. Le temps fut tout le jour très tempéré ; il se brouilla un peu sur les 10 heures du matin, avec un grand vent de sud, mais il se découvrit sur le soir. Le même jour nous partîmes à l'entrée de la nuit, pour nous avancer plus près de Peking afin d'y pouvoir arriver le lendemain de bonne heure, et nous fîmes cinquante lys, tantôt à l'ouest, tantôt au sud-sud-ouest, tantôt au sud-ouest. La pluie qui survint, nous empêcha de passer outre. La campagne s'élargissait beaucoup, et l'on ne voyait presque plus de montagnes du côté de l'est ; celles de l'ouest se reculaient considérablement ; tout était plein de villages et de hameaux, dont les maisons ne sont que de terre et de bois, et couvertes de paille. Le 6 nous fîmes quatre-vingt-dix lys en partie au sud, et en partie au sud-sud-ouest, et au sud-ouest. J'estime la route au sud-sud-ouest de quatre-vingt-cinq lys ou environ. La campagne paraissait plus belle et plus remplie de hameaux, à mesure que nous approchions de Peking, où nous arrivâmes le père Pereira et moi, lui fort fatigué et bien faible, et moi en assez bonne santé ; je fis près de douze ou quinze lys dans la seule ville des