Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/223

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plaine, qui était bornée au nord par des montagnes plus hautes que les précédentes ; cette plaine était remplie d'eau de pluie dans les endroits les plus bas ; nous passâmes aussi un assez gros ruisseau vers le milieu de notre chemin. Le terroir paraît toujours meilleur et rempli de bons fourrages ; nous jugeâmes tous que si l'on semait dans ces terres du blé, ou au moins des petits grains, ils y croîtraient fort bien. Nous vînmes camper sur une hauteur, en détournant un peu à l'ouest, à un lys environ d'une petite rivière nommée Portchi, qui n'a pas plus de quinze ou vingt pas géométriques de largeur ; nous la trouvâmes tellement enflée par les pluies qui étaient tombées depuis peu en abondance, que faute de gué nous ne la pûmes passer, ni camper sur ses bords dans la plaine, parce qu'il y avait de l'eau en plusieurs endroits ; cette rivière prend sa source dans des montagnes, qui sont à l'est-sud-est du lieu où nous campâmes ; elle a un cours très rapide à l'ouest-nord-ouest, et va se jeter dans le grand fleuve de Saghalien, lequel passe à Niptchou. L'eau de cette petite rivière est fort claire et bonne à boire, son fond est de sable, elle est bordée presque partout de grands saules, qui en rendent la vue fort agréable ; nous fûmes étrangement persécutés des moucherons, dont tout le pays était plein, nonobstant qu'il fit un grand vent d'est, qui tourna peu à peu au sud-est. Il plut un peu le matin avant le jour, à la pluie succéda un grand vent d'est, qui rendait l'air si froid, qu'une partie de nos gens étant vêtus de fourrure, et quelques-uns de double fourrure, se plaignaient encore du froid, mais le soleil étant un peu haut, et le vent tourné au sud-est, il fit assez chaud tout le jour. Sur le soir une partie de nos gens passa, ayant trouvé un endroit guéable. Le 23 nous ne fîmes ce jour-là que huit lys, nous décampâmes de grand matin pour venir passer la rivière, mais l'ayant trouvée considérablement enflée depuis le soir d'auparavant, nous fûmes contraints d'aller chercher un autre gué que celui où une partie de nos gens avait passé. On en trouva un au sud. Les chameaux eussent pu passer sans mouiller presque leurs charges, si l'entrée et la sortie de ce gué n'eussent été extrêmement difficiles, parce qu'il fallait descendre et monter tout d'un coup dans une boue grasse, où plusieurs chameaux et chevaux demeuraient embourbés, sans s'en pouvoir tirer qu'après avoir été déchargés, et avec le secours de beaucoup de monde. On ne laissa pas de faire passer la plus grande partie de ceux qui n'étaient chargés que de choses qu'on ne craignait pas qui fussent mouillées ; on se servit des deux barques que l'empereur a donné à nos ambassadeurs, pour passer le reste des charges qu'on ne voulait point exposer à l'eau. Les chevaux passèrent aussi la plupart sans nager, les brebis à la nage ; les gens de l'équipage et surtout les nouveaux Mantcheoux, c'est-à-dire, ceux des Tartares qui sont nés dans la véritable Tartarie, dont l'empereur régnant est originaire, fatiguèrent beaucoup ce jour-là ; car ils passèrent plusieurs heures