Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/224

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dans la rivière, et nous ne campâmes qu'à une demie lieue au-delà jusqu'où la rivière est débordée, et inonde cette vaste plaine à l'orient et à l'occident, beaucoup davantage au nord de la rivière qu'au sud ; il se noya deux personnes au passage de la rivière qui tombèrent de cheval, et qui ne savaient pas nager. Il fit fort froid le matin, et tout le jour assez frais, le temps ayant presque toujours été couvert avec un vent de nord-nord-ouest, et de la pluie de temps en temps ; le ciel devint serein vers le coucher du soleil. Le 24 nous fîmes 84 lys droit au nord, toujours dans la même plaine, qui est presque par tout fort unie et pleine de bons fourrages ; elle est arrosée de plusieurs sources et de petits ruisseaux ; il y a aussi quelques étangs ; on ne voyait que cailles et que trous de tarbikis ; ces animaux font leurs trous en terre dans un lieu un peu élevé, et où les herbes sont plus épaisses et plus hautes. Les Mongous se servent de leur peau pour en faire des bonnets, et des bordures à leurs vestes. Je fis alors réflexion à une chose que je n'avais pas remarquée, quoique je l'eusse vue dès l'année précédente dans le pays des Mongous sujets de l'empereur, et cette année en plusieurs autres endroits ; c'est que les rats de ce pays font un assez gros amas d'herbes à l'entrée de leur trou, pour s'en nourrir durant l'hiver. On voyait dans toute la campagne une infinité de ces provisions de rats ; cet amas d'herbes que nous vîmes alors, était d'herbes fraîchement coupées. Sur le chemin un officier de notre avant-garde que les Tartares appellent Capchan, amena à nos ambassadeurs une troupe de quatorze Tartares de Kalka qu'ils avaient trouvés en chemin ; ces Tartares étaient des coureurs qui venaient de piller sur les terres des Moscovites ; ils dirent qu'ils avaient tué un Tartare de Solon sujet des Moscovites, et enlevé quelques femmes et quelques enfants, qu'ils avaient ensuite abandonnés, se contentant d'emmener une douzaine de chevaux qu'ils avaient pris proche d'une peuplade des Moscovites ; ces gens vinrent avec nous jusqu'à notre camp, d'où on les renvoya avec un passeport de nos ambassadeurs. Le temps fut serein tout le jour, et néanmoins fort frais, quoiqu'il fît un grand soleil ; mais un petit vent de nord qui souffla toujours, en modérait l'ardeur, et nous garantit de la persécution des moucherons, dont tout ce pays est rempli. Nous vînmes camper au bord d'une petite rivière nommée Sundé, qui prend sa source aux montagnes qui sont à l'est et à l'est-sud-est de ce lieu, et a son cours à l'ouest et à l'ouest-nord-ouest pendant quelques journées de chemin, après quoi elle va se jeter dans le Saghalien ; le cours de cette petite rivière est fort rapide, quoiqu'elle fasse beaucoup de tours et de détours dans la plaine. Le 25 nous fîmes 80 lys qui peuvent se réduire à soixante-dix ; les quarante premiers toujours au nord, et le reste en tournant dans des montagnes depuis le nord-est jusqu'au nord-ouest ; après avoir passé une petite hauteur ou colline, qui était un peu au nord du lieu où nous avions