Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/229

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charpente. Nous ne vîmes point de Moscovites dans ces maisons ; nos gens nous dirent, qu'aussitôt qu'ils avaient appris notre marche, ils s'étaient retirés à Niptchou ; dans l'un de ces petits hameaux il y avait une chapelle de bois, mais un peu plus proprement bâtie que les maisons ; on la reconnaissait par la croix qui était au-dessus. Aux environs de ces maisons on trouve des terres cultivées ; nous y vîmes quantité de très beau seigle, et d'autres menus grains ; ils labourent les coteaux et font paître leurs bestiaux dans les prairies qui sont au bas de ces coteaux le long d'un ruisseau ; ils font pour cela de grands enclos dans les prairies, afin que les bestiaux ne gâtent point les terres cultivées ; on appelle cet endroit Ayergon ; nous campâmes au-delà du second hameau sur des collines, au bas desquelles coule un ruisseau qui est aussi nomme Ayergon, d'où ces hameaux ont pris le nom. Ce ruisseau tout petit qu'il est, ne laisse pas d'être poissonneux. Le temps fut le matin serein et calme, mais il fit fort chaud le reste du jour. Je fis réflexion que quoique l'air fût serein le matin, on ne sentait pas ce froid piquant que nous avions toujours senti jusque-là sur la route toutes les fois que le ciel était découvert, il ne faisait même aucune fraîcheur. Le 31 nous fîmes 44 lys, partie au nord-nord-est, partie au nord-est, et partie droit à l'est ; de sorte que réduisant le tout à l'est nord-est, je n'estime pas que la route ait valu plus de trente-six lys. Le pays était toujours plein de montagnes, mais un peu plus découvertes, au moins n'entrâmes-nous point dans les bois, mais nous traversâmes trois gros ruisseaux ; nous passâmes seulement un petit bosquet de pins qui est sur le bord du Saghalien, à une demie lieue de Niptchou ; ce fleuve n'a pas en cet endroit plus d'un lys de largeur. On dit qu'il est partout assez profond ; nous vîmes dans ce bouquet de bois des piles de bois de sapins que les Moscovites avaient faites pour les transporter à Niptchou sur la rivière. Ma laoyé l'un des députés de l'empereur aux conférences de la paix, le tsian kun ou général des troupes de l'empereur à Aygou, et dans tout le pays qui est au nord d'Oula, deux Cou sai tchin, ou chefs des huit étendards de l'empire, et plusieurs autres mandarins considérables vinrent à plus d'une lieue au devant de nos ambassadeurs ; on mit là pied à terre, parce que les mandarins voulurent demander des nouvelles de la santé de l'empereur, ce qui ne se peut faire qu'à deux genoux. Lorsque nous fûmes un peu plus avancés, nous trouvâmes sur le chemin une autre troupe des mandarins qui sont relégués à Oula, Aygou, Ningouta, et autres lieux semblables de la Tartarie orientale, lesquels étaient venus sur des barques en qualité de simples soldats, car c’est à cette malheureuse condition qu'ils sont réduits dans cet exil, où on les emploie aux plus pénibles fonctions ; on les envoie dans les forêts abattre du bois pour le service de l'empereur, et on leur fait tirer les barques ; ils avaient tous des habits lugubres et négligés, la plupart avaient la barbe blanche ou grise. Nous arrivâmes enfin vis-à-vis de Niptchou ; nous trouvâmes toutes les