Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/230

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barques sur lesquelles était venue la soldatesque et les vivres d'Oula rangées les unes auprès des autres le long du bord, du côté où nous devions camper ; les tentes des soldats et des officiers étaient aussi rangées par ordre, chacune selon son étendard, et placées sur le bord de la rivière ; chaque barque avait mis ses banderoles et son étendard par honneur pour les chefs de l'ambassade ; auprès des barques il y avait cent autres barques médiocrement grandes en forme de galère, elles vont à la voile et à la rame ; mais ordinairement on les fait tirer avec une corde par des gens qui marchent le long du bord. On me dit qu'il y avait quinze cents soldats venus sur ces barques et qu'en comptant tout leur équipage, il pouvait bien y avoir trois mille hommes ; de sorte que cela, joint avec les quatorze cents soldats qui étaient venus avec nous par terre, sans y comprendre les mandarins, les gardes des deux chefs de l'ambassade, leur maison qui était fort nombreuse et la quantité prodigieuse de gens de service qui composaient l'équipage, le tout pouvait bien monter à neuf ou dix mille hommes. Il y avait plus de trois à quatre mille chameaux, et pour le moins quinze mille chevaux ; le seul So san laoyé avait plus de trois cents chameaux, cinq cents chevaux, et cent domestiques pour le service de sa personne ; Kiou kieou n'avait guère moins de trois cents chevaux, et environ cent trente chameaux, et quatre-vingt domestiques ; les autres mandarins à proportion. Nous sûmes que l'arrivée de nos barques et de la milice qu'elles portaient, avait un peu surpris le gouverneur de Niptchou parce qu'il n'avait pas été averti de leur arrivée ; il dit même aux officiers que les deux chefs de l'ambassade avaient envoyé d'abord pour faire compliment aux plénipotentiaires moscovites, qu'il avait lieu de se plaindre de la manière dont les gens qui étaient venus par eau en avaient usé ; ils se sont comportés, dit-il, comme s'ils venaient, non pour traiter de la paix mais pour faire la guerre, et ravager le pays ; ils se sont placés autour de la forteresse, et non seulement ils ne lui ont fait donner aucun avis de leur arrivée ni de leur dessein ; mais encore quand on leur a demandé quelle était leur intention, ils ont répondu qu'ils n'avaient pas de compte à rendre ; et qu'ils iraient où bon leur semblerait. Il se plaignit de plus, que les gens qui menaient les chevaux de l'équipage de ces barques, avaient gâté leur moisson sur la route, qu'ils avaient pris des sujets des Moscovites, et les avaient voulu obliger à leur dire en quel endroit on pourrait trouver des Tartares de la province de Solon, qui se sont soumis aux Moscovites, et contre lesquels on sait que nos gens ont une forte passion de vengeance. Le gouverneur se loua au contraire extrêmement de la civilité des chefs de l'ambassade, qui étaient venus par terre, et qui avaient eu la bonté de le faire avertir de leur arrivée, ainsi qu'il se pratique partout ; comme les deux chefs de l'ambassade trouvèrent que le procédé de leurs gens, qui étaient venus par eau, était expressément contraire aux intentions de Sa Majesté, et que d'ailleurs ils soupçonnèrent que cela pourrait bien avoir donné occasion