Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/232

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Nous dinâmes sous un pavillon de verdure, que le mandarin avait fait dresser sur le bord de cette rivière, sa barque joignait le pavillon. Lui et les autres chefs des barques donnèrent plusieurs oiseaux de proie qu'ils avaient pris en chemin, aux deux chefs de l'ambassade, qui trouvèrent ce lieu si commode et si agréable, qu'ils résolurent sur-le-champ d'y venir tous les jours tenir leurs conférences ; en effet ils y demeurèrent ce jour-là jusqu'à la nuit ; pour nous, après avoir diné, nous revînmes en notre camp ; cependant le gouverneur de Nipchou envoya deux officiers complimenter nos ambassadeurs sur leur arrivée. Comme ce jour-là était celui de la pleine lune, les timbales des barques sonnèrent sur le soir, et chacun mit un fanal au haut de son mât. Les Moscovites de la forteresse pour répondre au son des timbales chinoises, sonnèrent de leurs trompettes ; il y en avait trois ou quatre qui jouèrent fort agréablement à plusieurs reprises ; cela augmenta le soupçon que nous avions, que les plénipotentiaires n'étaient pas loin de Niptchou ; car il n'était pas vraisemblable qu'un homme comme le gouverneur particulier de Niptchou eût trois ou quatre bonnes trompettes à sa suite. Le temps fut serein le matin, sur le soir il se couvrit, et menaça de pluie. Il y eut seulement du tonnerre ; il fit chaud tout le jour. Le premier d'août nos ambassadeurs ayant résolu d'écrire une lettre aux plénipotentiaires de Moscovie, pour presser leur arrivée, ou du moins en savoir précisément le jour, nous envoyèrent inviter de venir traduire la lettre en latin, ce que nous fîmes. Elle ne contenait rien autre chose, sinon, qu'étant venus avec toute la diligence possible suivant leurs désirs, ils étaient surpris de n'apprendre aucune nouvelle certaine de leur arrivée ; que s'ils ne hâtaient leur marche, ils se verraient contraints de passer la rivière, pour aller camper dans un lieu plus étendu et plus commode que celui où ils étaient, où le fourrage était prêt de leur manquer ; ils ajoutaient qu'ils n'avaient pas voulu passer cette rivière, pour ne pas leur donner des soupçons peu favorables au dessein qu'ils avaient de conclure la paix. Cette lettre fut envoyée au gouverneur de Niptchou, en le priant de la faire tenir aux plénipotentiaires en toute diligence. Ce jour-là le gouverneur de Niptchou envoya un présent de dix bœufs et de quinze moutons fort gras, il fit dire que ces dix bœufs venaient du czar leur maître, et qu'il offrait les quinze moutons en son nom. Nos ambassadeurs donnèrent à chacun des trois personnes qui offrirent ces présents, une pièce de satin, et ils donnèrent de la toile et du tabac aux bateliers qui les avaient amenés. Il fit le matin un gros brouillard, qui étant en partie remonté, rendit le temps incertain tout le jour, et l'on fut souvent menacé de pluie, il ne plut pas pourtant, mais il fit l'après midi fort chaud. Le 2 il arriva un envoyé des plénipotentiaires moscovites en notre camp, qui venait complimenter les chefs de l'ambassade ; c'était un jeune homme de vingt-trois ans assez bien fait, qui paraissait bien élevé et savoir son monde ; il était vêtu honnêtement, mais simplement, ayant seulement