Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/235

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Le 8 je pris encore la hauteur méridienne du soleil avec mes deux quarts de cercle, et le demi cercle de monseigneur le duc du Maine, ce que je fis à loisir et avec beaucoup de soin ; je la trouvai de cinquante-quatre degrés quinze minutes environ ; elle fut presque toute semblable dans tous les trois instruments à quelques minutes près ; et je suis fort sûr que le soleil était au vrai midi ; car je le vis passer deux fois rasant le filet de la lunette de son bord supérieur, sans monter ni descendre sensiblement ; cette hauteur méridienne donne pour la hauteur du pôle de Niptchou cinquante-un degrés quarante-neuf minutes. Le temps fut serein et chaud tout le jour, presque sans vent. Le 9 le temps fut encore chaud et en partie serein, et en partie couvert ; il plut un peu à l'entrée de la nuit. Le 10 un envoyé du plénipotentiaire de Moscovie apporta la réponse à la lettre que nos ambassadeurs lui avaient écrite ; cette réponse commençait par un compliment, sur l'inquiétude qu'ils avaient fait paraître dans leur lettre, de ce qu'il tardait tant à les joindre ; il s'excusait de ce retardement, sur ce que son envoyé à Peking avait fait entendre qu'ils n'arriveraient pas si tôt, et que la lettre qu'eux-mêmes lui avaient écrite de Peking marquait qu'ils arriveraient seulement au mois d'août ; que c’est ce qui l'avait engagé à se moins presser pour s'épargner la fatigue du voyage ; qu'au reste il allait hâter sa marche le plus qu'il pourrait pour les tirer d'inquiétude, et afin de pourvoir à ce que leurs chevaux et leurs autres bestiaux eussent des fourrages ; que cependant ils ne pouvaient ignorer que ce n'était point la coutume en aucun lieu du monde, que ceux qui entrent dans les terres d'autrui pour y venir traiter de la paix, s'avançassent jusque sous une forteresse, et qu'ainsi il les priait de s'éloigner un peu, et de lui céder le lieu où ils étaient campés, afin de s'y camper lui-même, puisqu'il était bien juste qu'il fût plus près de la forteresse qu'eux, ajoutant que s'ils voulaient s'éloigner un peu plus loin, ils ne manqueraient certainement point de fourrages. Il leur promettait ensuite qu'avec la grâce de Dieu, s'il n'intervenait aucun obstacle à ce qu'ils traitassent d'une paix éternelle dans des conférences réglées, il arriverait à Niptchou le vingt-unième août. Nous traduisîmes fidèlement cette réponse, qui n'agréa pas fort à nos ambassadeurs ; ils délibérèrent aussitôt sur ce qu'ils avaient à faire, et résolurent d'envoyer quelques-uns de leurs gens au plénipotentiaire de Moscovie, pour le presser de venir au plus tôt traiter d'affaires, et lui faire bien connaître la sincérité de leurs intentions. Mais l'envoyé de ce plénipotentiaire tâcha d'éluder cette résolution, en les priant d'attendre encore quelques jours, afin qu'ils allassent ensemble. Le temps fut fort froid tout le jour pour la saison, de sorte que la plupart des mandarins se vêtirent de leurs fourrures ; un vent de nord-ouest assez fort causa ce froid. Le 11 le temps fut un peu plus tempéré et fort serein, presque sans vent ; le gouverneur de Niptchou envoya encore aux deux chefs de l'ambassade dix vaches. Le 12