Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/242

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Ayant donc appris la proposition qu'ils avaient faite le jour précédent, nous leur rendîmes un peu d'espérance, en les assurant que nous ne doutions pas que les Moscovites ne cédassent Yacsa et une partie des terres qui sont entre cette place et celle de Niptchou ; cela leur fît recommencer leurs délibérations, et nous y ayant appelés, nous nous offrîmes à aller vers les plénipotentiaires moscovites, sous prétexte de nous éclaircir sur ce qui s'était dit la veille ; ils résolurent de nous y envoyer le lendemain, et de se déclarer absolument sur les dernières bornes qu'ils voulaient mettre entre les deux empires, selon les ordres exprès qu'ils en avaient de l'empereur. Il plut tout le jour et toute la nuit. Le 25 au matin lorsque nos ambassadeurs étaient sur le point de nous envoyer à Niptchou, il arriva un député des Moscovites, qui venait demander à nos tagin qu'en cas qu'ils ne voulussent pas faire d'autres propositions, ils donnassent des lettres déclaratives de ce qui s'était passé dans les deux conférences, et des propositions qu'on y avait faites de part et d'autre, en offrant d'en donner aussi de leur part, afin que chacun en pût faire un fidèle rapport à son maître. Nos ambassadeurs qui avaient eux-mêmes fait cette proposition sur la fin de la dernière conférence, répondirent que les Moscovites leur envoyassent premièrement ces lettres déclaratives, et qu'ensuite ils leur en enverraient de pareilles ; mais le député moscovite voulait qu'on fît encore une conférence, dans laquelle, si l'on ne convenait pas de part et d'autre, on se donnerait mutuellement ces lettres, auxquelles chacun mettrait publiquement son sceau, à quoi nos ambassadeurs refusèrent de consentir. Peu après que ce député fut retourné, nous allâmes vers les plénipotentiaires moscovites comme de nous-mêmes, et sous prétexte de nous éclaircir de ce qui s'était passé dans la dernière conférence, où nous n'avions pas assisté. Les Moscovites, qui désiraient autant la paix que nous, témoignèrent être fort aises de notre arrivée ; nous leur déclarâmes d'abord que s'ils n'avaient envie de céder la forteresse d'Yacsa, avec le pays qui est aux environs, qu'il était inutile de se fatiguer davantage, parce que nous savions certainement que nos ambassadeurs avaient ordre exprès de ne faire aucun traité sans cette condition ; qu'au reste pour ce qui était du pays depuis Yacsa jusqu'à Niptchou et du côté du nord du fleuve Saghalien, nous ne savions pas précisément jusqu'où nos gens pourraient se retrancher, mais qu'ils pouvaient voir eux-mêmes en quel lieu entre ces deux places d'Yacsa et de Niptchou ils voudraient mettre les bornes des deux empires, et que nous ne doutions pas que nos ambassadeurs, par le désir qu'ils avaient de la paix, ne fissent tout ce qu'ils pourraient de leur part pour y parvenir. Le plénipotentiaire moscovite répondit, que puisque cela était ainsi, il priait nos ambassadeurs de lui faire savoir leur dernière résolution ; nous allâmes rapporter cette réponse. Il plut encore tout le jour et toute la nuit suivante. Le 16 un député des plénipotentiaires moscovites vint trouver nos ambassadeurs