Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/243

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pour savoir leur dernière résolution ; on lui montra sur une grande carte qu'avait un de nos tagin les bornes qu'on prétendait mettre entre les deux empires ; ces bornes étaient d'un coté un ruisseau ou une petite rivière nommée Kerbetchi qui prend sa source proche d'une grande chaîne de montagnes qui s'étend depuis là jusqu'à la mer Orientale, et qui est au nord de Saghalien oula, dans lequel cette petite rivière vient se décharger à trente ou quarante lieues de Niptchou, et on assigna le sommet de ces montagnes pour bornes des deux empires ; en sorte que tout le pays qui s'étend du haut de ces montagnes vers le midi, appartiendrait à l'empire de la Chine ; et tout le pays qui s'étendait vers le nord de l'autre côté des mêmes montagnes, demeurerait aux Moscovites, aussi bien que celui qui s'étendait vers l'ouest, au-delà de cette même rivière de Kerbetchi. De l'autre côté, c'est-à-dire, au midi du fleuve Saghalien oula, on assigna pour bornes la rivière d'Ergoné, qui prenant sa source d'un grand lac qui est au sud-est de Niptchou, à soixante-dix ou quatre-vingt lieues, vient aussi se dégorger dans le fleuve Saghalien oula ; nos ambassadeurs voulaient donc que tout le pays qui est à l'est et au sud de cette rivière d'Ergoné leur appartînt, et que ce qui est au-delà appartînt tellement aux Moscovites, qu'ils n'habitassent cependant que le pays qui est entre le fleuve Saghalien oula, et une chaîne de montagnes qui se trouve au sud de ce fleuve à peu de distance, et qu'ils n'avançassent pas plus avant dans les terres qui appartiennent aux Tartares de Kalka, dont la plupart se sont assujettis depuis peu à l'empereur de la Chine. Peu de temps après le départ de cet envoyé moscovite, nous allâmes aussi vers les plénipotentiaires moscovites pour leur expliquer encore cette dernière résolution de nos ambassadeurs, et leur demander la leur. Il survint une difficulté touchant le pays de Kalka, où nos ambassadeurs prétendaient qu'on mettrait aussi des bornes, afin que les Moscovites ne pussent pas s'y étendre, parce que le roi de Kalka s'était tout récemment rendu tributaire de l'empire de la Chine. Les Moscovites, au contraire, qui prétendaient avoir été offensés par les Tartares de Kalka, ne voulaient point que nos gens se mêlassent de leurs affaires, ni qu'ils parlassent de mettre des bornes dans un pays qui ne leur appartenait pas ; ainsi ils répondirent, que quand il serait vrai que le roi de Kalka se fût soumis à l'empire de la Chine, il n'avait pu y soumettre son pays, dont le roi d'Eluth l'avait dépouillé depuis un an, et l'avait forcé de se retirer sur les terres de l'empereur de la Chine. Nous revînmes donc vers nos ambassadeurs pour éclaircir cette difficulté ; ils consentirent aisément à ce que les Moscovites désiraient savoir, qu'on ne traiterait pas de cette affaire sur laquelle ils n'avaient aucune commission, mais ils ajoutèrent, que quand la paix du roi de Kalka serait terminée avec le roi d'Eluth, on verrait qu'elle résolution il y aurait à prendre. Nous allâmes le même jour rapporter cette réponse aux Moscovites, qui nous proposèrent une autre difficulté : — Nous avons, dirent-ils, une peuplade